Alors que l’ac­cès à un loge­ment décent repré­sente une prio­rité pour les ménages, le loge­ment est un parent pauvre dans les poli­tiques chez nous. Sous-finan­ce­ment chro­nique, parc loca­tif social maigri­chon, secteur loca­tif privé large­ment laissé aux aléas du marché… Le soutien des pouvoirs publics semble toujours favo­ri­ser les ménages qui peuvent se permettre un emprunt hypo­thé­caire (« chèque loge­ment »). Il est temps de s’at­te­ler à construire une vision cohé­rente et volon­ta­riste de l’ac­cès au loge­ment. C’est ce que veut faire le Rassem­ble­ment wallon pour le droit à l’ha­bi­tat (RWDH).

Un trésor de guerre à exploi­ter

Le pari du RWDH, c’est qu’en unis­sant nos forces et nos savoirs, nous pouvons construire et mettre dans le débat public une telle vision, portée par le secteur asso­cia­tif. C’est que la plate­forme rassemble une richesse appré­ciable dans laquelle puiser : la diver­sité de ses acteurs, de leurs savoirs et savoir-faire, de leurs approches et sensi­bi­li­tés. Y prennent part des asso­cia­tions locales qui connaissent comme personnes les drames d’un quoti­dien sans loge­ment décent, parce qu’elles accueillent, hébergent, entendent et conseillent des personnes sans abri ou mal logées, cherchent ou construisent avec elles des solu­tions et font témoi­gnage de ce vécu. Sont aussi membres du RWDH des fédé­ra­tions d’as­so­cia­tions actrices de terrain qui apportent, par la force des choses, une vision plus large des problé­ma­tiques rencon­trées en matière de loge­ment : asso­cia­tions de promo­tion du loge­ment, Agences immo­bi­lières socia­les… Font aussi partie du RWDH des mouve­ments d’édu­ca­tion perma­nente, de lutte contre le pauvreté, plus géné­ra­listes mais qui ont voca­tion à travailler avec les personnes pour confron­ter les expé­riences, analy­ser les facteurs d’in­sa­tis­fac­tions et inter­pel­ler la puis­sance publique.

Ces exper­tises et ces pratiques se sont mutuel­le­ment enri­chies au cours des premiers mois d’exis­tence du RWDH pour élabo­rer ensemble des lignes de force auxquelles nous nous rallions. On a fonc­tionné par groupes de travail théma­tiques afin de parta­ger l’in­for­ma­tion et l’ana­lyse et d’iden­ti­fier les conver­gences. Cette dyna­mique a été très appré­ciée par les membres.

Six prio­ri­tés comme trame d’un plan « loge­ment »

Alors pourquoi ne pas conti­nuer et trans­for­mer ces lignes de force en un plan aussi cohé­rent que possible, qui forme­rait une sorte de programme poli­tique asso­cia­tif à défendre ? Cette idée a été adop­tée par l’as­sem­blée plénière. Nous sommes bien conscients que c’est une gageure : dans le monde asso­cia­tif, on est géné­ra­le­ment débordé par les urgences de l’ins­tant et toujours trop peu nombreux pour les néces­si­tés. Alors déga­ger du temps pour un projet de moyen terme, ce n’est pas évident. Mais les stimu­lants sont là : d’abord le loge­ment, c’est essen­tiel pour les gens ! Il faut mettre le paquet pour rendre incon­tour­nable cette prio­rité sur le plan poli­tique. Ensuite, nous avons les bases pour travailler à un plan : six lignes de force, qui font consen­sus parmi tous les membres. Il s’agit de 1) la lutte contre l’ab­sence de chez soi ; 2) déve­lop­per le loge­ment public ; 3) régu­ler le secteur loca­tif privé ; 4) promou­voir des alter­na­tives d’ha­bi­tat ; 5) penser l’amé­na­ge­ment du terri­toire dans une pers­pec­tive durable et non spécu­la­tive ; 6) inté­grer l’ac­cès à l’éner­gie comme inhé­rent au loge­ment décent.

Une nouvelle dyna­mique de groupes de travail a donc débuté pour s’at­taquer aux « nœuds » qu’il faut encore résoudre pour accor­der tout cela dans un plan cohé­rent. Ces groupes sont ouverts aux membres des asso­cia­tions qui font partie du RWDH. Si un thème en parti­cu­lier vous inspire, n’hé­si­tez pas à en parler à votre secré­taire fédé­ral.