Le PTB est-il un parti populiste ?
Au mois de mars dernier, nous avions longuement interrogé le politologue Vincent de Coorebyter (ULB-CRISP) sur les évolutions de la démocratie et le phénomène du populisme. Extraits choisis.
Le populisme est un mot tellement galvaudé qu’il vaut mieux d’abord préciser ce qu’on entend par là. Vincent De Coorebyter propose une définition qui tient en quatre caractéristiques historiques. « Le populisme suppose un appel au peuple mythifié, homogène et vertueux ; un antiélitisme, élites qu’on oppose au peuple et qui sont corrompus, indifférentes, méprisantes, centrées sur leurs propres intérêts ; un leader charismatique démagogique qui utilise un style rhétorique, caricatural, simpliste qui essaie d’amener les foules avec lui. Et ça suppose une critique du parlementarisme ou des processus complexes de la décision démocratique avec des commissions consultatives, des experts, des procédures lentes et longues, auquel le populisme oppose une action immédiate, forte, simple. »
Comment ces quatre caractéristiques se retrouvent-elles chez les populistes d’aujourd’hui ? « Si on veut préciser ce qu’est le populisme aujourd’hui, je pourrais donner la définition suivante : c’est à la fois une idéologie et un type de pratique politique qui tente d’instaurer un nouveau clivage politique (eux-l’élite, nous-le peuple) pour revenir à un monde perdu – Il y a un passéisme dans le populisme dont on pourra reparler -, au moyen de procédés simples, immédiatisants, courtcircuitant les processus complexes de la décision. »
Quand on demande au politologue si le PTB répond à cette définition, sa réponse est claire. « Non. Il emprunte quelques éléments de la rhétorique populiste, il joue aussi sur le « eux » (les élites déconnectées) et nous « le peuple de gauche ». Il y a eu quelques moments de « dégagisme politique », mais c’est relativement superficiel. Son succès vient d’abord de son contact avec les couches populaires. Le PTB est bien conscient de l’ampleur des difficultés vécues, et il veut se concentrer sur cette problématique. »
Il ajoute, détaillant sa stratégie : « Il se tait sur les problématiques migratoires, parce qu’il n’a pas envie d’être interrogé là-dessus, il ne parle pas trop de questions environnementales parce qu’il estime que les classes populaires ont déjà assez de soucis avec leurs fins de mois, et sont des sources de contraintes supplémentaires. Il se concentre sur des questions socio-économiques patentes, et ça sert d’antidote puisque ce qui nourrit une partie du populisme, c’est cette précarité ressentie.
Interview complète à lire dans le Magazine Contrastes de Mars-Avril 2019 par ici