Faire de l’éducation permanente avec des demandeurs d’emploi en formation
Article paru dans La Fourmilière, Bulletin de liaison des Equipes Populaires, Janvier-Février 2021, p.3
Depuis un peu plus d’un an, un partenariat dynamique et prometteur s’est instauré entre les EP de Tournai et un centre d’insertion socioprofessionnelle. Des animations ont été conçues à destination d’un public de (jeunes et moins jeunes) chercheurs d’emploi… Et ils prennent progressivement goût à la culture du débat, dans la créativité et la bonne humeur.
12 mars 2020, tout bascule. Des dispositions du gouvernement fédéral restreignent une série d’activités, dont celles de notre secteur. Plus question de poursuivre nos rencontres avec nos groupes et fini de nous rendre à IFI (Initiative-Formation-Insertion), un centre
d’insertion socioprofessionnelle à Tournai. Cela faisait un an que nous menions des animations en lien avec des projets d’histoires digitales et d’autres autour du système capitaliste.
Les objectifs de ce partenariat étaient nombreux : permettre au public cible du centre -à savoir des personnes les plus éloignées de l’emploi, vivant pour certaines des situations précaires-, de réfléchir ensemble, d’élargir leur champ de vision, de favoriser l’écoute et l’entraide, de susciter le débat, de partager des connaissances, des informations, des outils, de se questionner et de développer une forme d’intelligence collective. Mais aussi les amener vers d’autres univers qu’ils n’ont pas l’habitude de fréquenter, tel que celui de la culture.
LE VIRUS N’A PAS EU NOTRE PEAU !
Hélas, du jour au lendemain, tout s’est arrêté. Seuls les contacts via les réseaux sociaux ont pu être maintenus. Nos protocoles de sécurité et ceux des centres d’insertion ne nous ont pas permis de reprendre nos animations en présentiel, même au déconfine-
ment de juin.
Les groupes étaient notamment accompagnés par trois étudiants qui faisaient leur stage aux EP (élèves de 6eQ animateurs de l’Ulm de Tournai). Ils ont mis la main à la pâte dans l’animation des projets en cours. Mais le second confinement a rendu les choses en
core plus difficiles. Cette nouvelle rupture de liens sociaux pesait sur leur moral. Alors, en compagnie des formatrices de la section, nous avons réfléchi à l’organisation d’animations hebdomadaires en visioconférence. Il a fallu équiper, former et tester tout cela ensemble. Mais quel bonheur de se revoir, même par écran interposé !
Notre première animation a favorisé l’expression autour de la crise sanitaire et a abouti au terme des trois heures d’animation à une production écrite sur les ressentis en cette période de crise. Le récit ainsi obtenu leur servira de base à la mise en image d’une
« histoire digitale » collective. Tous les stagiaires s’y investissent et illustrent par des créations personnelles les parties de leur texte.
BALADE AU PARC
Faisant suite à des échanges autour des questions du chômage Covid, du télétravail, de la santé mentale de nombreuses personnes, le groupe a souhaité discuter autour des inégalités et de l’importance de comprendre le mécanisme de solidarité qu’est la sécurité sociale. Juste avant les fêtes, nous avons organisé la dernière animation de ce cycle sous forme d’une petite balade/atelier dans un parc public par groupes de quatre personnes. Quelle joie de se retrouver en chair et en os, même de loin, tout en gardant nos distances et respectant les mesures sanitaires…
Depuis janvier, nous débattons autour des stéréotypes et préjugés. Les stagiaires se sont rendu compte qu’ils en véhiculaient eux-mêmes, et il leur semblait important de comprendre comment ces clichés se construisent et comment parvenir à les déconstruire. Une animation vivante et participative a permis de différencier un stéréotype d’un préjugé. La thématique du sexisme est ensuite venue sur la table, puis celle du rôle des médias dans la diffusion des stéréotypes et préjugés car une des pistes avancées par le groupe était qu’ils trouvaient souvent leur origine dans les médias. Ensemble, nous nous sommes interrogés sur la place des médias sous l’angle de la comédie et du « c’est de l’humour ». Tout peut-il être permis sous prétexte de l’humour ? Quelles en sont les limites ? Cette dernière animation réalisée nous permettra ensuite d’aborder la problématique du racisme.
La maîtrise de l’application de vidéoconférence Zoom et ses fonctionnalités nous permet aussi de diffuser des extraits vidéo, de partager des écrans, de nous diviser en sous-groupes et être transportés dans des salles différentes, etc., tout cela toujours
dans la joie et la bonne humeur ! Mais rien ne remplacera le présentiel, non vraiment rien !
Maryse Courouble
Pour en savoir plus, veuillez prendre contact avec la régionale du Hainaut occidental.