Médias et réseaux sociaux : Mais où est passée la vérité ? ( Contrastes février 2017)
L’ère de la désinformation
Sommes-nous sur-informés ou désinformés ? Le constat d’une surinformation – et donc de la difficulté de faire le tri et de comprendre la complexité du monde – est présent depuis de nombreuses années.
Ce constat s’est renforcé avec l’arrivée d’internet à la fin des années 90. Par contre, le phénomène de désinformation est plus récent et a pris une ampleur considérable avec l’avènement des réseaux sociaux, qui permettent à chacun de s’improviser journaliste au mé- pris de toutes les règles de déontologie (en particulier la vérification des sources) et de diffuser à l’échelle planétaire des informations ou des pseudo-informations qui entretiennent la confusion en relayant des rumeurs non vérifiées.
Ou pire, de véhiculer des thèses complotistes franchement dangereuses pour la démocratie. En effet, la confusion est totale et le doute s’installe. Qui désinforme, qui dit la vérité ?
Pour mesurer à quel point il est difficile pour un citoyen lambda de comprendre le tourbillon dans lequel se trouve le monde des médias et de la communication, faites l’exercice suivant. Tapez dans le moteur de recherche d’internet : « Comment lutter contre la désinformation ? » Vous tombez sur une liste totalement contradictoire d’articles de presse et de sites internet qui tantôt vous aident à « connaître la fiabilité des sites d’information » (le nouvel outil Décodex mis en place par le journal Le Monde), tantôt sur des sites (tels que L’apprenti survivaliste) qui vous donnent des conseils pour en finir avec la désinformation orchestrée par « les médias mainstream qui vous mentent et vous prennent pour un c… ».
Bref, tout et son contraire. Ce n’est plus seulement le règne de la confusion, mais celui de la méfiance totale, qui ont ouvert la voie au développement de théories du complot qui mettent à mal la crédibilité des médias et plus largement de toutes les institutions.
Comme l’explique Marie Peltier dans son interview, « beaucoup d’acteurs de la société civile ont endossé le réflexe généralisé de méfiance envers le discours médiatique et politique. C’est ce qui constitue le socle du complotisme ».
Or, le complotisme ouvre grand la porte au populisme d’extrême droite. Face au climat délétère ambiant, renforcé par une attaque frontale de la part de certains hommes politiques, (Trump, Fillon pour ne citer que les affaires récentes), de nombreux médias questionnent leurs pratiques. Ils se mobilisent également pour renouer un contrat de confiance avec les citoyens et les aider à s’y retrouver dans le magma bouillonnant d’informations plus farfelues – voire nauséabondes – les unes que les autres. Dans cette dérive dangereuse et fulgurante qui semble échapper à tout le monde, la place de l’éducation nous questionne.
A-t-on le temps de se poser pour éduquer nos enfants, pour essayer de comprendre la complexité du monde ? C’est en tout cas une période propice à une réappropriation citoyenne des enjeux de société et à une révision en profondeur des rapports que nous entretenons avec nos institutions, dont les médias.
Sommaire
p3 – Débat : Une ère “post-vérité” ? Oui, mais…
Comment la “post‐vérité” s’est‐elle imposée dans notre vision du monde au point d’avoir été sacrée “mot de l’année” en langue anglaise par le dictionnaire britannique Oxford ? Et surtout, est‐elle adaptée à la situation, est‐elle pertinente ?
p6 – Médias : Quand internet brouille les cartes de l’information
Fake news, intox, rumeurs… circulent sur la toile. Le journalisme doit faire face à un nouvel enjeu crucial : pour la première fois dans l’histoire, il n’est plus perçu comme le seul gardien de l’information. Il doit faire face à une crise de légitimité, à une méfiance du public vis‐à‐vis de sa fonction. Mais comment en sommes‐nous arrivés là ?
p10 –Rumeurs : Le Hoax, un virus qui traverse votre écran
Hoax est un mot anglais qui signifie « canular ». Mais sur internet, canular n’est pas vraiment le terme ad hoc. Si sur le principe, un hoax est bien un canular, il convient d’y ajouter quelques adjectifs : pervers, fallacieux, diffamatoire… Car sous des apparences d’information, il brouille la carte de l’information médiatique.
p13 – Interview : Faire front contre l’imaginaire du complot
Nos sociétés sont fracturées et complexes. Le complotisme, ou conspirationnisme, propose des visions unifiées et simplifiées du monde. Cet entretien avec Marie Peltier, fait le point sur les origines, les paradoxes, les conséquences de cet imaginaire complotiste très largement répandu.
p17 – Education : Un électrochoc salutaire ?
Que faire face à la tourmente qui balaie le monde de l’information ? La désinformation et la méfiance généralisée envers tous les « pouvoirs », dont celui des médias, font le lit du populisme d’extrême droite. Une solide remise en question s’impose à tous niveaux. Le cahier des charges est gigantesque..
Prix au n°
Prix au n° : 2 € (+ frais d’envoi)