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Inter­view Ariane Estenne, nouvelle prési­dente du MOC : « PASSER DE L’INDIGNATION À L’ACTION COLLECTIVE »

Ariane Estenne _ Equipes PopulairesA l’heure où tous les indices montrent une forte augmen­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tion des inéga­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­tés, Ariane Estenne, nouvelle prési­­­­­­­­­­­­­dente du MOC, tient à réaf­­­­­­­­­­­­­fir­­­­­­­­­­­­­mer que l’éga­­­­­­­­­­­­­lité reste plus que jamais le fil conduc­­­­­­­­­­­­­teur de l’ac­­­­­­­­­­­­­tion du MOC. Elle se réjouit des récentes mobi­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tions qui traduisent une volonté de passer de l’in­­­­­­­­­­­­­di­­­­­­­­­­­­­gna­­­­­­­­­­­­­tion à l’ac­­­­­­­­­­­­­tion, et est convain­­­­­­­­­­­­­cue que l’édu­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­­­­­nente est le meilleur rempart contre la montée du popu­­­­­­­­­­­­­lisme. Rencontre avec une jeune prési­­­­­­­­­­­­­dente gonflée à bloc…

 Dès ton entrée en fonc­­­­­­­­­­­tion en janvier, tu as affirmé que le temps était venu de passer de l’in­­­­­­­­­­­di­­­­­­­­­­­gna­­­­­­­­­­­tion à l’ac­­­­­­­­­­­tion collec­­­­­­­­­­­tive. De quelle indi­­­­­­­­­­­gna­­­­­­­­­­­tion parles-tu ?

Les grandes mobi­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions d’aujourd’­­­­­­­­­­­hui (climat, migra­­­­­­­­­­­tion, pouvoir d’achat…) partagent le point commun d’une indi­­­­­­­­­­­gna­­­­­­­­­­­tion par rapport aux inéga­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­tés qui augmentent : inéga­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­tés liées au racisme, inéga­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­tés socio-écono­­­­­­­­­­­miques, et même envi­­­­­­­­­­­ron­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­men­­­­­­­­­­­tales puisque ce sont les personnes les plus précaires qui sont les premières touchées.

L’aug­­­­­­­­­­­men­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tion des inéga­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­tés est constante depuis plusieurs années, et beau­­­­­­­­­­­coup de mesures prises par les deux gouver­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­ments précé­­­­­­­­­­­dents ont des effets drama­­­­­­­­­­­tiques sur la sécu­­­­­­­­­­­rité sociale (pension, chômage notam­­­­­­­­­­­ment), alors que le regain de mobi­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tion est plus récent. Les gens qui sortent dans la rue redonnent l’es­­­­­­­­­­­poir de pouvoir orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­ser une résis­­­­­­­­­­­tance effi­­­­­­­­­­­cace, même si ces récentes mobi­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions n’ont pas encore permis de victoires effec­­­­­­­­­­­tives.

 Comment expliquer l’am­­­­­­­­­­­pleur de ces mani­­­­­­­­­­­fes­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tions aujourd’­­­­­­­­­­­hui, qui semblent même plus profondes qu’il y a cinq ans lors de l’ar­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­vée du gouver­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­ment Michel ?

Ce ne sont pas les mêmes personnes qui sortent dans la rue. Aujourd’­­­­­­­­­­­hui, ce ne sont pas seule­­­­­­­­­­­ment des mili­­­­­­­­­­­tants acti­­­­­­­­­­­vistes présents sur chaque combat, c’est un cercle beau­­­­­­­­­­­coup plus large de personnes moins poli­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­sées à la base, mais qui sont choquées par des mesures très sécu­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­taires, anti-migrants, anti-sociales. Idem pour le climat. Dans mon réseau de rela­­­­­­­­­­­tions, j’ai de nombreux amis qui marchent pour le climat, mais ce sont des personnes qui sentent qu’il y a une urgence à agir et à secouer le monde poli­­­­­­­­­­­tique. Concer­­­­­­­­­­­nant les mobi­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions pour le climat, il y a en amont de ces mani­­­­­­­­­­­fes­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tions plusieurs années de travail des asso­­­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­­­tions pour arri­­­­­­­­­­­ver à « poli­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­ser » le débat clima­­­­­­­­­­­tique. Grâce à une présence massive dans la rue, des actions média­­­­­­­­­­­tiques et des slogans qui font mouche, ces actions permettent de remettre la respon­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­lité de la poli­­­­­­­­­­­tique envi­­­­­­­­­­­ron­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­men­­­­­­­­­­­tale sur le poli­­­­­­­­­­­tique et pas seule­­­­­­­­­­­ment sur le dos des parti­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­liers.

Quant aux acteurs à mobi­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­ser pour passer de l’in­­­­­­­­­­­di­­­­­­­­­­­gna­­­­­­­­­­­tion à l’ac­­­­­­­­­­­tion, la posi­­­­­­­­­­­tion du MOC est claire à ce sujet. Elle distingue les alliés stra­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­giques et les alliés tactiques. Il y a des alliés avec qui on partage un même projet de société et avec qui on essaie de travailler (au niveau poli­­­­­­­­­­­tique, c’est le cdH, PS, Ecolo). Et puis il y a des alliances tactiques qui ont pour objec­­­­­­­­­­­tif de faire avan­­­­­­­­­­­cer un dossier ponc­­­­­­­­­­­tuel et avec qui on peut discu­­­­­­­­­­­ter pour faire avan­­­­­­­­­­­cer la posi­­­­­­­­­­­tion du MOC.

 On constate ces dernières années une stra­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­gie déli­­­­­­­­­­­bé­­­­­­­­­­­rée d’évi­­­­­­­­­­­te­­­­­­­­­­­ment et d’af­­­­­­­­­­­fai­­­­­­­­­­­blis­­­­­­­­­­­se­­­­­­­­­­­ment des corps inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­­­­­diaires, et cela agit sur la confiance que la popu­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­tion leur accorde. Quelles en sont les consé­quences, et en parti­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­lier pour le MOC ?

Effec­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­ve­­­­­­­­­­­ment, les corps inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­­­­­diaires sont moins solli­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­tés dans le cadre de la concer­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tion sociale et sont affai­­­­­­­­­­­blis par une baisse de leur niveau de finan­­­­­­­­­­­ce­­­­­­­­­­­ment. Les consé­quences sont alar­­­­­­­­­­­mantes parce que l’équi­­­­­­­­­­­libre de notre système de protec­­­­­­­­­­­tion sociale, qui est le meilleur rempart pour lutter contre les inéga­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­tés, tenait grâce à cette concer­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tion sociale. Sans elle, on peut avoir de grosses craintes sur les déci­­­­­­­­­­­sions qui vont être prises, car on va marcher sur les droits des travailleurs. C’est un argu­­­­­­­­­­­ment fort pour éviter à tout prix la recon­­­­­­­­­­­duc­­­­­­­­­­­tion du gouver­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­ment actuel aux élec­­­­­­­­­­­tions légis­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­tives.

Par rapport au MOC, ça l’af­­­­­­­­­­­fai­­­­­­­­­­­blit d’au­­­­­­­­­­­tant plus qu’il mène une action conjointe avec des corps inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­­­­­diaires impor­­­­­­­­­­­tants (la Mutua­­­­­­­­­­­lité chré­­­­­­­­­­­tienne et la CSC) ; si ceux-ci sont affai­­­­­­­­­­­blis, ça affai­­­­­­­­­­­blit auto­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­tique­­­­­­­­­­­ment le MOC, son action, sa capa­­­­­­­­­­­cité de peser dans le rapport de force et son impact sur le paysage poli­­­­­­­­­­­tique. Mais ça augmente donc d’au­­­­­­­­­­­tant plus sa respon­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­lité de mener une action forte et un travail cultu­­­­­­­­­­­rel avec d’autres mouve­­­­­­­­­­­ments pour défendre le système de concer­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tion sociale.

Le MOC a cepen­­­­­­­­­­­dant un avan­­­­­­­­­­­tage, c’est qu’il a sans doute une parole un peu plus libre que les corps inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­­­­­diaires eux-mêmes. Ceux-ci sont souvent coin­­­­­­­­­­­cés car s’ils vont trop loin dans l’at­­­­­­­­­­­taque du poli­­­­­­­­­­­tique, cela risque de les fragi­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­ser encore plus. Et les menaces sont bien réelles. Ils sont donc parfois obli­­­­­­­­­­­gés d’avoir une parole moins radi­­­­­­­­­­­cale et moins critique par rapport à certaines mesures poli­­­­­­­­­­­tiques. Le MOC a une plus grande liberté de parole que les corps inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­­­­­diaires qui le composent.

 Face à la méfiance gran­­­­­­­­­­­dis­­­­­­­­­­­sante de la popu­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­tion envers le monde poli­­­­­­­­­­­tique, comment le MOC peut-il contri­­­­­­­­­­­buer à faire face à la montée du popu­­­­­­­­­­­lisme qui s’étend en Europe, mais dont la Wallo­­­­­­­­­­­nie n’est peut-être plus épar­­­­­­­­­­­gnée pour long­­­­­­­­­­­temps ? Comment le MOC doit-il se situer ?

Ma seule réponse, c’est (roule­­­­­­­­­­­ment de tambours…) l’édu­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­­­nente. Je suis convain­­­­­­­­­­­cue que c’est la seule voie pour mener un travail cultu­­­­­­­­­­­rel. Il n’y a pas de réponse miracle, simple face à la méfiance de la popu­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­tion par rapport à la poli­­­­­­­­­­­tique. On peut parfai­­­­­­­­­­­te­­­­­­­­­­­ment comprendre que les gens ne se sentent plus (ou très mal) repré­­­­­­­­­­­sen­­­­­­­­­­­tés, qu’ils ont l’im­­­­­­­­­­­pres­­­­­­­­­­­sion que la démo­­­­­­­­­­­cra­­­­­­­­­­­tie repré­­­­­­­­­­­sen­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­tive est en panne. Que les « affaires » discré­­­­­­­­­­­ditent le poli­­­­­­­­­­­tique. Qu’ils soient en colère par rapport à son inac­­­­­­­­­­­tion. Par rapport à ça, le rôle de l’édu­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­­­nente est de mener un travail cultu­­­­­­­­­­­rel. Ce n’est pas en donnant des réponses toutes faites ou des injonc­­­­­­­­­­­tions, en décré­­­­­­­­­­­tant qu’il faut leur faire confiance qu’on y parvien­­­­­­­­­­­dra. Je le vois comme un travail de longue haleine, un travail collec­­­­­­­­­­­tif à partir des réali­­­­­­­­­­­tés que les personnes
vivent. Porter un juge­­­­­­­­­­­ment critique sur ce qui se passe et voir comment on peut lutter pour le main­­­­­­­­­­­tien de nos droits. L’ap­­­­­­­­­­­pro­­­­­­­­­­­fon­­­­­­­­­­­dis­­­­­­­­­­­se­­­­­­­­­­­ment de la démo­­­­­­­­­­­cra­­­­­­­­­­­tie, ça se joue sur du moyen terme. Toutes les réponses directes seraient arti­­­­­­­­­­­fi­­­­­­­­­­­cielles ou déma­­­­­­­­­­­go­­­­­­­­­­­giques.

 En Commu­­­­­­­­­­­nauté française, on semble rela­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­ve­­­­­­­­­­­ment épar­­­­­­­­­­­gnés par la montée du popu­­­­­­­­­­­lis­­­­­­­­­­­me… Serait-ce donc grâce au MOC et à ses mouve­­­­­­­­­­­ments d’édu­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­­­nente ?!

L’en­­­­­­­­­­­ga­­­­­­­­­­­ge­­­­­­­­­­­ment asso­­­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­­­tif permet aux personnes de se sentir plus actrices de leur vie. On peut sans doute dire que le maillage asso­­­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­­­tif fran­­­­­­­­­­­co­­­­­­­­­­­phone permet d’être mieux immu­­­­­­­­­­­nisé contre la tenta­­­­­­­­­­­tion du popu­­­­­­­­­­­lisme. Ce n’est qu’une hypo­­­­­­­­­­­thèse, mais quand on voit le résul­­­­­­­­­­­tat des votes aux élec­­­­­­­­­­­tions commu­­­­­­­­­­­nales, il est frap­­­­­­­­­­­pant de voir qu’à Bruxelles, une des villes les plus cosmo­­­­­­­­­­­po­­­­­­­­­­­lites du monde avec une énorme mixité sociale et cultu­­­­­­­­­­­relle, il n’y a aucun éche­­­­­­­­­­­vin d’ex­­­­­­­­­­­trême droite.

Si on se mobi­­­­­­­­­­­lise pour décryp­­­­­­­­­­­ter ensemble ce qui est en train de se passer au niveau belge mais aussi euro­­­­­­­­­­­péen et mondial, je pense qu’on évite des réflexes simplistes à tous les niveaux de pouvoir. C’est impor­­­­­­­­­­­tant à rappe­­­­­­­­­­­ler, à la veille d’élec­­­­­­­­­­­tions belges mais aussi euro­­­­­­­­­­­péennes. La déma­­­­­­­­­­­go­­­­­­­­­­­gie, c’est trou­­­­­­­­­­­ver un bouc émis­­­­­­­­­­­saire (qui est tantôt l’étran­­­­­­­­­­­ger, les femmes, les pauvres…) et lui faire porter la respon­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­lité de tous les maux. Face à ça, l’édu­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­­­nente est un rempart contre la montée du popu­­­­­­­­­­­lisme car elle déve­­­­­­­­­­­loppe un esprit critique et apporte de la complexité aux réponses simplistes qu’on entend de plus en plus.

L’enquête Noir-Jaune-Blues, a montré que 70% des gens aspirent à un « pouvoir fort ». Je ne pense pas que la majo­­­­­­­­­­­rité des gens soient tentés par le fascisme, ils veulent peut-être tout simple­­­­­­­­­­­ment un pouvoir effi­­­­­­­­­­­cace, qui apporte des réponses à leurs problèmes du quoti­­­­­­­­­­­dien. L’édu­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­­­nente peut être perçue comme un vaccin contre le popu­­­­­­­­­­­lisme, mais il néces­­­­­­­­­­­site sans cesse des rappels car on n’est jamais tota­­­­­­­­­­­le­­­­­­­­­­­ment immu­­­­­­­­­­­nisé. C’est en ça que l’édu­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion popu­­­­­­­­­­­laire doit être « perma­­­­­­­­­­­nente ».

 En tant que nouvelle prési­­­­­­­­­­­dente, y a-t-il des aspects qui te tiennent parti­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­liè­­­­­­­­­­­re­­­­­­­­­­­ment à cœur et que tu voudrais impri­­­­­­­­­­­mer de manière forte, au niveau interne mais aussi vis-à-vis de l’ex­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­rieur ?

Pour moi, l’in­­­­­­­­­­­terne et l’ex­­­­­­­­­­­terne sont liés. Ce que je souhaite, c’est renfor­­­­­­­­­­­cer la légi­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­mité et la visi­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­lité du MOC dans le paysage asso­­­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­­­tif et poli­­­­­­­­­­­tique. Mais ça ne peut se faire que si on a des posi­­­­­­­­­­­tions fortes en interne.

Il faut abso­­­­­­­­­­­lu­­­­­­­­­­­ment obte­­­­­­­­­­­nir des victoires poli­­­­­­­­­­­tiques et pour cela, il faut arri­­­­­­­­­­­ver à des prises de posi­­­­­­­­­­­tion communes entre les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions consti­­­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­­­tives et déve­­­­­­­­­­­lop­­­­­­­­­­­per un plan d’ac­­­­­­­­­­­tion stra­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­gique pour les quatre années de mon mandat. Pas en fonc­­­­­­­­­­­tion de l’ac­­­­­­­­­­­tua­­­­­­­­­­­lité au jour le jour, mais en mettant des prio­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­tés sur certains dossiers qu’on défi­­­­­­­­­­­nira ensemble. Et ce sur quatre axes prin­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­paux qui sont au coeur de l’ac­­­­­­­­­­­tua­­­­­­­­­­­lité : les ques­­­­­­­­­­­tions socio-écono­­­­­­­­­­­miques, la migra­­­­­­­­­­­tion, le climat, le genre.

Les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions ont leur stra­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­gie propre, auto­­­­­­­­­­­nome, souve­­­­­­­­­­­raine. Mais ce qui m’in­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­resse au-delà de certaines disso­­­­­­­­­­­nances, c’est de trou­­­­­­­­­­­ver des posi­­­­­­­­­­­tions communes à porter vers l’ex­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­rieur. Par exemple sur l’in­­­­­­­­­­­di­­­­­­­­­­­vi­­­­­­­­­­­dua­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tion des droits, les posi­­­­­­­­­­­tions des orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions sont nuan­­­­­­­­­­­cées par rapport à son champ d’ap­­­­­­­­­­­pli­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­tion et à la manière d’y parve­­­­­­­­­­­nir, mais toutes les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions sont d’ac­­­­­­­­­­­cord pour la suppres­­­­­­­­­­­sion du statut de coha­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­tant. Bien sûr, on n’a pas le même regard sur une problé­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­tique comme celle-là selon qu’on se situe du point de vue de la mutuelle, du syndi­­­­­­­­­­­cat ou de Vie Fémi­­­­­­­­­­­nine. C’est en croi­­­­­­­­­­­sant nos regards sur une même théma­­­­­­­­­­­tique qu’on peut appor­­­­­­­­­­­ter une plus-value dans le débat.

Autre exemple, celui de l’ac­­­­­­­­­­­cueil des personnes âgées. C’est une ques­­­­­­­­­­­tion qui concerne toutes les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions car il faut l’en­­­­­­­­­­­vi­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­ger simul­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­né­­­­­­­­­­­ment sous l’angle de la santé, des fins de carrière, de la préca­­­­­­­­­­­rité – et en parti­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­lier celle des femmes. Une réponse de société cohé­­­­­­­­­­­rente ne peut être formu­­­­­­­­­­­lée qu’en croi­­­­­­­­­­­sant ces diffé­­­­­­­­­­­rents angles d’ap­­­­­­­­­­­proche.

 Si tu avais un message spéci­­­­­­­­­­­fique à faire passer aux orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions socio-éduca­­­­­­­­­­­tives du MOC (Equipes Popu­­­­­­­­­­­laires, Vie Fémi­­­­­­­­­­­nine, JOC), qu’est-ce que tu leur dirais ?

Mon message à toutes les trois, c’est qu’on a besoin d’elles y compris en interne. On me renvoie souvent la remarque (ou le reproche) qu’il y a au sein du MOC des orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions qui ont du pouvoir et d’autres qui n’en ont pas. Je pense que les grosses orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions ont vrai­­­­­­­­­­­ment besoin d’elles pour faire un travail poli­­­­­­­­­­­tique, se lais­­­­­­­­­­­ser bous­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­ler et évoluer sur certaines posi­­­­­­­­­­­tions.

Plus que jamais, on a besoin d’un mouve­­­­­­­­­­­ment de jeunes pour prendre en compte leurs réali­­­­­­­­­­­tés et leur envie de radi­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­lité. On le voit aujourd’­­­­­­­­­­­hui sur le climat. De manière géné­­­­­­­­­­­rale, le MOC a besoin de se lais­­­­­­­­­­­ser bous­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­ler par les personnes qui mani­­­­­­­­­­­festent leur indi­­­­­­­­­­­gna­­­­­­­­­­­tion. C’est pareil pour les femmes.
Aucune ques­­­­­­­­­­­tion ne peut être envi­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­gée sans prendre en compte le point de vue fémi­­­­­­­­­­­niste. On a besoin de l’ex­­­­­­­­­­­per­­­­­­­­­­­tise de Vie Fémi­­­­­­­­­­­nine, mais c’est aussi de la respon­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­lité de toutes les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions de prendre en compte ce point de
vue fémi­­­­­­­­­­­niste.

 Y a-t-il des publics ou des enjeux qui ne sont actuel­­­­­­­­­­­le­­­­­­­­­­­ment pas suffi­­­­­­­­­­­sam­­­­­­­­­­­ment pris en compte par les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions du MOC ?

En termes de public, c’est un défi perma­nent pour toutes les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions consti­­­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­­­tives de véri­­­­­­­­­­­fier qu’elles s’adressent à tout le monde. En termes de théma­­­­­­­­­­­tiques, je tiens à ce que les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions conservent leur souve­­­­­­­­­­­rai­­­­­­­­­­­neté dans leurs choix. Mais une théma­­­­­­­­­­­tique trans­­­­­­­­­­­ver­­­­­­­­­­­sale qui pour­­­­­­­­­­­rait être ravi­­­­­­­­­­­vée, c’est la dimen­­­­­­­­­­­sion inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­­­tio­­­­­­­­­­­nale. Car la plupart des enjeux aujourd’­­­­­­­­­­­hui ne peuvent pas se penser unique­­­­­­­­­­­ment au niveau natio­­­­­­­­­­­nal, en parti­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­lier les enjeux migra­­­­­­­­­­­toires et clima­­­­­­­­­­­tiques. C’est une chance que le MOC ait cette tradi­­­­­­­­­­­tion d’être présent sur les enjeux inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­­­tio­­­­­­­­­­­naux et qu’il ait une ONG (Soli­­­­­­­­­­­da­­­­­­­­­­­rité Mondiale) pour porter ces enjeux. Aujourd’­­­­­­­­­­­hui, l’éga­­­­­­­­­­­lité doit être le fil conduc­­­­­­­­­­­teur de l’ac­­­­­­­­­­­tion du MOC par rapport aux trois prin­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­paux systèmes de domi­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­­­tion que sont le capi­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­lisme, le sexisme et le racisme. C’est le point commun qui relie toutes les orga­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tions du MOC.


Pour voir et écou­­­­­­­­­ter sa première inter­­­­­­­­­­­­­­­­­ven­­­­­­­­­tion publique comme prési­­­­­­­­­dente du MOC le 17 janvier : https://youtu.be/mXdq27H­­­­­­­­­ni1o

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