En juillet 2007 écla­­­­­­­­­tait, aux Etats-Unis, la crise des crédits « subprimes ». Faisant suite à l’ef­­­­­­­­­fon­­­­­­­­­dre­­­­­­­­­ment de la bulle immo­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­lière, elle se trans­­­­­­­­­forma rapi­­­­­­­­­de­­­­­­­­­ment en crise finan­­­­­­­­­cière, puis bancaire, et fina­­­­­­­­­le­­­­­­­­­ment écono­­­­­­­­­mique et sociale,dans l’en­­­­­­­­­semble du monde. Les gens ont été bombar­­­­­­­­­dés d’in­­­­­­­­­for­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­tions parse­­­­­­­­­mées de termes souvent obscurs pour le citoyen ordi­­­­­­­­­naire : subprimes, produits déri­­­­­­­­­vés, actifs toxiques, CDO, titri­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­tion… Ces termes réclament en soi quelques expli­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tions.
Mais il y a plus. La crise a frappé avec une soudai­­­­­­­­­neté et une rapi­­­­­­­­­dité d’ou­­­­­­­­­ra­­­­­­­­­gan. On a vu les banques appe­­­­­­­­­ler au secours les unes après les autres, puis des entre­­­­­­­­­prises annon­­­­­­­­­cer licen­­­­­­­­­cie­­­­­­­­­ments et faillites, secteur auto­­­­­­­­­mo­­­­­­­­­bile en tête. Personne n’a donc vu venir la vague ? Et qu’est-ce qui explique qu’elle ait si bruta­­­­­­­­­le­­­­­­­­­ment inondé tout le système bancaire et frappé tous les pays ? Pourquoi l’a-t-on compa­­­­­­­­­rée à la crise de 1929 ?
Et il y a davan­­­­­­­­­tage. Comment la moitié de la richesse finan­­­­­­­­­cière mondiale a-t-elle pu s’éva­­­­­­­­­po­­­­­­­­­rer dans la tour­­­­­­­­­mente, en l’es­­­­­­­­­pace de dix-huit mois à peine ? D’où vient, d’ailleurs, que cette richesse finan­­­­­­­­­cière soit si colos­­­­­­­­­sale,bien plus colos­­­­­­­­­sale que celle qui corres­­­­­­­­­pond aux marchan­­­­­­­­­dises et aux services que les travailleurs créent réel­­­­­­­­­le­­­­­­­­­ment ? Et si le monde est chaque année un peu plus riches, comment se fait-il que tant de ménages améri­­­­­­­­­cains aient été encou­­­­­­­­­ra­­­­­­­­­gés à faire des emprunts hypo­­­­­­­­­thé­­­­­­­­­caires risqués et pourquoi l’en­­­­­­­­­det­­­­­­­­­te­­­­­­­­­ment est-il si impor­­­­­­­­­tant, en parti­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­lier aux Etats-Unis ?
Ces ques­­­­­­­­­tions, et d’autres encore, doivent être posées. Car la crise actuelle n’est pas un « couac » isolé. Elle survient alors que, depuis des années, les inéga­­­­­­­­­li­­­­­­­­­tés sociales ne cessent de s’ap­­­­­­­­­pro­­­­­­­­­fon­­­­­­­­­dir et la planète de donner des signes d’épui­­­­­­­­­se­­­­­­­­­ment. Elle appa­­­­­­­­­raît comme le résul­­­­­­­­­tat d’une logique d’ac­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­mu­­­­­­­­­la­­­­­­­­­tion qui ne connaît plus d’autre fina­­­­­­­­­lité qu’elle-même. Cette logique ne peut conti­­­­­­­­­nuer.
Ce dossier propose au lecteur des repères pour s’y retrou­­­­­­­­­ver dans le méca­­­­­­­­­nisme finan­­­­­­­­­cier, et des clés pour comprendre quels sont les ingré­­­­­­­­­dients qui ont préparé cette (dé)confi­­­­­­­­­ture.