Analyses

LES OUBLIÉS DU NUMÉRIQUE ( Décembre 2021)

© Céci­­­­­­­­­­­­­lia Locmant

Inter­­­­­­­­­view réali­­­­­­­­­sée par Françoise Caudron, Contrastes décembre 2021, p 10 à 13

À travers sa campagne de sensi­­­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion « Les oubliés du numé­­­­­­­­­­­­­rique », Lire et Écrire dénonce les exclu­­­­­­­­­­­­­sions que vivent les personnes en diffi­­­­­­­­­­­­­culté de lecture et d’écri­­­­­­­­­­­­­ture à l’ère du tout au numé­­­­­­­­­­­­­rique.
L’oc­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­sion de faire prendre conscience au grand public et aux respon­­­­­­­­­­­­­sables poli­­­­­­­­­­­­­tiques qu’on ne peut pas conti­­­­­­­­­­­­­nuer à mettre à l’écart un dixième de la popu­­­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­­­tion en matière d’ac­­­­­­­­­­­­­cès et d’uti­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion des nouvelles tech­­­­­­­­­­­­­no­­­­­­­­­­­­­lo­­­­­­­­­­­­­gies de l’in­­­­­­­­­­­­­for­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tion et de la commu­­­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion (NTIC).
Rencontre avec Céci­­­­­­­­­­­­­lia Locmant, respon­­­­­­­­­­­­­sable de campagne et de la commu­­­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion.

 Contrastes : Nous venons de vivre un an et demi très parti­­­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­­­lier, avec une pandé­­­­­­­­­­­­­mie, des confi­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ments… Comment avez-vous réussi à garder le contact avec votre public ?

 Céci­­­­­­­­­­­­­lia Locmant : En mars 2020, la nouvelle a été très brutale. On n’avait rien anti­­­­­­­­­­­­­cipé. De par nos valeurs et nos missions, nos équipes de forma­­­­­­­­­­­­­teurs et les appre­­­­­­­­­­­­­nants n’étaient pas prépa­­­­­­­­­­­­­rés à fonc­­­­­­­­­­­­­tion­­­­­­­­­­­­­ner à distance. Les gens se sont retrou­­­­­­­­­­­­­vés en isole­­­­­­­­­­­­­ment avec de grandes diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés par rapport à une série de démarches et de droits essen­­­­­­­­­­­­­tiels qui très vite n’ont plus été respec­­­­­­­­­­­­­tés. Pas mal de services de première ligne ont fermé leurs portes. Ça a été très compliqué.
Dans un premier temps, nous avons décidé de faire un relevé des équi­­­­­­­­­­­­­pe­­­­­­­­­­­­­ments dont les appre­­­­­­­­­­­­­nants dispo­­­­­­­­­­­­­saient. Nous les avons équi­­­­­­­­­­­­­pés dans la mesure du possible. Certaines régio­­­­­­­­­­­­­nales de Lire et Écrire ont pu obte­­­­­­­­­­­­­nir des tablettes. On a égale­­­­­­­­­­­­­ment financé des connexions. Mais il a fallu combi­­­­­­­­­­­­­ner avec le deuxième niveau de frac­­­­­­­­­­­­­ture numé­­­­­­­­­­­­­rique, à savoir que, au-delà du manque d’équi­­­­­­­­­­­­­pe­­­­­­­­­­­­­ment, les personnes ne maîtrisent pas l’usage du numé­­­­­­­­­­­­­rique.
Notre premier souci a été de main­­­­­­­­­­­­­te­­­­­­­­­­­­­nir le contact, pas forcé­­­­­­­­­­­­­ment pour faire de la forma­­­­­­­­­­­­­tion mais plutôt pour prendre des nouvelles des personnes et voir comment elles vivaient cette période si parti­­­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­­­lière. Nous avons souvent pris contact grâce au smart­­­­­­­­­­­­­phone et à des appli­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions comme Messen­­­­­­­­­­­­­ger ou WhatsApp. Mais avec certaines personnes qui ne maîtri­­­­­­­­­­­­­saient pas assez le français, même ce contact n’était pas possible.
Quand des sessions de forma­­­­­­­­­­­­­tion ont pu se remettre en place, nous avons parfois fait des dépôts de docu­­­­­­­­­­­­­ments dans les boîtes aux lettres des appre­­­­­­­­­­­­­nants, comme certaines écoles l’ont fait avec leurs élèves.

Quand se revoir a été possible, nous avons orga­­­­­­­­­­­­­nisé des entre­­­­­­­­­­­­­tiens entre forma­­­­­­­­­­­­­teurs et appre­­­­­­­­­­­­­nants. Mais le contact avec certaines personnes a été perdu. On constate que les plus fragi­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sés ont disparu du radar.

 Vous lancez une campagne « Les oubliés du numé­­­­­­­­­­­­­rique », où vous partez du constat que la frac­­­­­­­­­­­­­ture numé­­­­­­­­­­­­­rique, déjà présente dans la société, est encore plus forte auprès des personnes qui ont des diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés avec la lecture ou l’écri­­­­­­­­­­­­­ture. Pouvez-vous nous parler de ce que votre public vous renvoie comme inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­pel­­­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­­­tions ? Quels sont leurs messages ?
Quelles sont leurs plus grandes diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés ? De quel ordre sont-elles ?

 Les échos du terrain arri­­­­­­­­­­­­­vés très rapi­­­­­­­­­­­­­de­­­­­­­­­­­­­ment étaient très préoc­­­­­­­­­­­­­cu­­­­­­­­­­­­­pants dans tous les domaines de la vie : prendre rendez-vous chez le méde­­­­­­­­­­­­­cin, obte­­­­­­­­­­­­­nir ses allo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions de chômage, renou­­­­­­­­­­­­­ve­­­­­­­­­­­­­ler son abon­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ment de bus, suivre la scola­­­­­­­­­­­­­rité des enfants… tout était devenu compliqué.
Les diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés face au numé­­­­­­­­­­­­­rique ne sont pas nouvelles. Les gens avaient déjà des diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés à utili­­­­­­­­­­­­­ser des Bancon­­­­­­­­­­­­­tact par exemple. Depuis long­­­­­­­­­­­­­temps, tous les services essayent de convaincre les gens d’uti­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­ser les appli­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions en ligne. Mais malgré la frac­­­­­­­­­­­­­ture numé­­­­­­­­­­­­­rique, les personnes arri­­­­­­­­­­­­­vaient à garder une certaine auto­­­­­­­­­­­­­no­­­­­­­­­­­­­mie. Elles avaient d’autres alter­­­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­­­­­tives en cas de diffi­­­­­­­­­­­­­culté. Elles pouvaient se rendre sur place pour obte­­­­­­­­­­­­­nir de l’aide ou se faire aider.

Avec les confi­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ments, on a très vite observé un non-accès et puis une exclu­­­­­­­­­­­­­sion de certains services avec des consé­quences très problé­­­­­­­­­­­­­ma­­­­­­­­­­­­­tiques : on ne perçoit pas son allo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion de chômage, on n’ar­­­­­­­­­­­­­rive pas à se faire vacci­­­­­­­­­­­­­ner…

Au final, les personnes vivent une double peine : si elles ne savent pas faire un vire­­­­­­­­­­­­­ment bancaire elles mêmes, elles peuvent deman­­­­­­­­­­­­­der au guiche­­­­­­­­­­­­­tier de le faire, mais elles paie­­­­­­­­­­­­­ront pour ça. Si on n’ar­­­­­­­­­­­­­rive pas à renou­­­­­­­­­­­­­ve­­­­­­­­­­­­­ler son abon­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ment en ligne, cela signi­­­­­­­­­­­­­fie une amende à la clé. Tout ça se paie en cash. Et en perte d’au­­­­­­­­­­­­­to­­­­­­­­­­­­­no­­­­­­­­­­­­­mie !

C’est à partir de ces constats que nous avons lancé notre campagne de sensi­­­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion « Les oubliés du numé­­­­­­­­­­­­­rique ». Quatre clips ont été réali­­­­­­­­­­­­­sés pour illus­­­­­­­­­­­­­trer les diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés vécues dans les trans­­­­­­­­­­­­­ports en commun, dans les démarches admi­­­­­­­­­­­­­nis­­­­­­­­­­­­­tra­­­­­­­­­­­­­tives à la commune, dans la recherche d’em­­­­­­­­­­­­­ploi, et dans le domaine des soins de santé.

En 2021, nous avons voulu aller plus loin en récol­­­­­­­­­­­­­tant des témoi­­­­­­­­­­­­­gnages à partir de deux ques­­­­­­­­­­­­­tions : Qu’est-ce que vous n’avez pas pu faire, avec quelles consé­quences ? Qu’est-ce que vous rêve­­­­­­­­­­­­­riez de faire dans cette société numé­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­sée de demain ? Les témoi­­­­­­­­­­­­­gnages ont abouti aux deux clips « Delete » et « Enter » qui expriment l’idée de pouvoir fonc­­­­­­­­­­­­­tion­­­­­­­­­­­­­ner avec le numé­­­­­­­­­­­­­rique mais avec des balises. Les messages prin­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­paux sont : Je veux garder un contact humain avec les services de base, essen­­­­­­­­­­­­­tiels et d’in­­­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­­­rêt géné­­­­­­­­­­­­­ral. Je veux qu’on prenne en compte mes diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés dans le domaine numé­­­­­­­­­­­­­rique. C’est fonda­­­­­­­­­­­­­men­­­­­­­­­­­­­tal que les services publics accueillent toute la popu­­­­­­­­­­­­­la­­­­­­­­­­­­­tion sans exclure qui que ce soit.

Le contact au guichet, le face-à-face est impor­­­­­­­­­­­­­tant. Quand les personnes en diffi­­­­­­­­­­­­­culté avec la langue française, avec la lecture et l’écri­­­­­­­­­­­­­ture se rendaient à un guichet, ce n’était pas forcé­­­­­­­­­­­­­ment la pana­­­­­­­­­­­­­cée. Parfois elles se faisaient rembar­­­­­­­­­­­­­rer, humi­­­­­­­­­­­­­lier. Mais elles se débrouillaient. Au télé­­­­­­­­­­­­­phone, c’est plus diffi­­­­­­­­­­­­­cile parce que les gens parlent vite. Le contact direct a son impor­­­­­­­­­­­­­tance et aide beau­­­­­­­­­­­­­coup. Ils le réclament même si ce contact n’est pas merveilleux.

Remplir un formu­­­­­­­­­­­­­laire en ligne, complé­­­­­­­­­­­­­ter ses cartes des allo­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tions de chômage en ligne, prendre des rendez-vous en ligne, par exemple pour la vacci­­­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­­­­­tion, tout est très compliqué. Nos forma­­­­­­­­­­­­­teurs ont pris en charge énor­­­­­­­­­­­­­mé­­­­­­­­­­­­­ment de démarches admi­­­­­­­­­­­­­nis­­­­­­­­­­­­­tra­­­­­­­­­­­­­tives pour les appre­­­­­­­­­­­­­nants.

Nous avons égale­­­­­­­­­­­­­ment constaté un problème impor­­­­­­­­­­­­­tant par rapport au contact par mail. La boîte mail néces­­­­­­­­­­­­­site d’avoir une adresse mail avec un mot de passe, de pouvoir lire et comprendre le contenu de ses mails. Or, pour beau­­­­­­­­­­­­­coup, il est diffi­­­­­­­­­­­­­cile de gérer et se rappe­­­­­­­­­­­­­ler de ses mots de passe. Certains ouvrent parfois une boîte mail pour envoyer un mail à une admi­­­­­­­­­­­­­nis­­­­­­­­­­­­­tra­­­­­­­­­­­­­tion. Puis leur boîte mail se remplit sans qu’ils en aient conscience. Les gens se retrouvent en diffi­­­­­­­­­­­­­culté car ils n’ont plus accès à leur boîte mail. Dès que vous donnez une adresse mail, les admi­­­­­­­­­­­­­nis­­­­­­­­­­­­­tra­­­­­­­­­­­­­tions privi­­­­­­­­­­­­­lé­­­­­­­­­­­­­gient l’en­­­­­­­­­­­­­voi de docu­­­­­­­­­­­­­ments par mail et ne vous envoient plus de commu­­­­­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion papier. C’est un piège. Or le papier est impor­­­­­­­­­­­­­tant. Les repères ne sont pas les mêmes. Ça pose d’énormes problèmes quand tout est déma­­­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­­­ria­­­­­­­­­­­­­lisé.
Il y a clai­­­­­­­­­­­­­re­­­­­­­­­­­­­ment une conscience des dangers et une crainte de se faire arnaquer. C’est une des raisons pour lesquelles certains ne veulent pas utili­­­­­­­­­­­­­ser la banque en ligne. Sans maîtrise de tous les codes de l’écrit, il est encore plus facile de se faire arnaquer.

 Les diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés auxquelles sont confron­­­­­­­­­­­­­tés les « oubliés du numé­­­­­­­­­­­­­rique » ont bien entendu un impact sur l’ac­­­­­­­­­­­­­cès aux services. Avez-vous exploré l’im­­­­­­­­­­­­­pact psycho­­­­­­­­­­­­­lo­­­­­­­­­­­­­gique de toutes ces diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés ? Comment on se sent quand on doit faire face à toutes ces diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés ?

 Il y a cet isole­­­­­­­­­­­­­ment drama­­­­­­­­­­­­­tique. Ils sont en recherche de contacts sociaux. Les forma­­­­­­­­­­­­­tions, c’est un espace où on fait du lien, on se fait des amis, on s’épaule. Perdre ce contact, c’est dur. Et c’est encore plus dur pour les personnes dont les familles sont éloi­­­­­­­­­­­­­gnées.
Ce qui est le plus prégnant dans le rapport au numé­­­­­­­­­­­­­rique, c’est la perte d’au­­­­­­­­­­­­­to­­­­­­­­­­­­­no­­­­­­­­­­­­­mie. Les gens deviennent de plus en plus dépen­­­­­­­­­­­­­dants de certaines personnes qui peuvent les aider.

Parmi le public en contact avec Lire et Écrire, beau­­­­­­­­­­­­­coup travaillent dans des boulots infor­­­­­­­­­­­­­mels et ont parfois perdu leur travail. Il y a eu une augmen­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tion impor­­­­­­­­­­­­­tante du recours aux colis alimen­­­­­­­­­­­­­taires. Les personnes avaient de plus en plus de diffi­­­­­­­­­­­­­culté à satis­­­­­­­­­­­­­faire leurs besoins de base. Les gens se sont retrou­­­­­­­­­­­­­vés dans des diffi­­­­­­­­­­­­­cul­­­­­­­­­­­­­tés écono­­­­­­­­­­­­­miques et sociales.
Leurs condi­­­­­­­­­­­­­tions de vie sont loin d’être idéales pour vivre des confi­­­­­­­­­­­­­ne­­­­­­­­­­­­­ments. Ils vivent souvent dans des loge­­­­­­­­­­­­­ments exigus sans espace, sans jardin, sans possi­­­­­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­­­­­lité d’avoir un espace au calme pour pouvoir suivre un cours en ligne.
Il y avait aussi l’an­­­­­­­­­­­­­goisse liée au virus. Il a fallu décryp­­­­­­­­­­­­­ter les réunions du Codeco, expliquer les règle­­­­­­­­­­­­­men­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tions qui chan­­­­­­­­­­­­­geaient tout le temps. Il fallait décons­­­­­­­­­­­­­truire certaines croyances fami­­­­­­­­­­­­­liales ou cultu­­­­­­­­­­­­­relles et surtout les fake news qui circulent sur les réseaux sociaux.

 Avez-vous inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­pellé certains services face aux constats que vous faites ? Si oui, quelles ont été leurs réponses ?

 Nos forma­­­­­­­­­­­­­teurs étaient en contact direct avec de nombreux services pour aider les personnes en diffi­­­­­­­­­­­­­culté. Par ailleurs, au niveau poli­­­­­­­­­­­­­tique, nous reven­­­­­­­­­­­­­diquons depuis long­­­­­­­­­­­­­temps que les services publics prennent en compte les personnes en situa­­­­­­­­­­­­­tion d’illet­­­­­­­­­­­­­trisme. Cette reven­­­­­­­­­­­­­di­­­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­­­tion est encore plus d’ac­­­­­­­­­­­­­tua­­­­­­­­­­­­­lité aujourd’­­­­­­­­­­­­­hui. La numé­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion des services était déjà en marche mais a pris un coup d’ac­­­­­­­­­­­­­cé­­­­­­­­­­­­­lé­­­­­­­­­­­­­ra­­­­­­­­­­­­­teur avec la crise sani­­­­­­­­­­­­­taire. Notre crainte est que certains guichets ou services restent fermés. Quand on ferme des guichets et qu’on les trans­­­­­­­­­­­­­forme en contact en ligne, on ne fait géné­­­­­­­­­­­­­ra­­­­­­­­­­­­­le­­­­­­­­­­­­­ment pas marche arrière. Il suffit d’ob­­­­­­­­­­­­­ser­­­­­­­­­­­­­ver ce qui se passe avec les services bancaires et avec les guichets de la SNCB.

Mais nous sommes de plus en plus solli­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­tés par une série d’ins­­­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­­­­­tions. Dans le cadre du renou­­­­­­­­­­­­­vel­­­­­­­­­­­­­le­­­­­­­­­­­­­ment de leur conven­­­­­­­­­­­­­tion, Infra­­­­­­­­­­­­­bel nous a par exemple invi­­­­­­­­­­­­­tés à parti­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­per à une discus­­­­­­­­­­­­­sion préa­­­­­­­­­­­­­lable avec d’autres asso­­­­­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­­­­­tions de terrain pour voir comment rendre leurs services acces­­­­­­­­­­­­­sibles.

Nous avons parti­­­­­­­­­­­­­cipé égale­­­­­­­­­­­­­ment à des focus groupes gérés par la Fonda­­­­­­­­­­­­­tion Roi Baudouin qui est char­­­­­­­­­­­­­gée de rédi­­­­­­­­­­­­­ger un cahier des charges sur la numé­­­­­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­­­tion de tous les services du minis­­­­­­­­­­­­­tère de la Justice. Des inter­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­­faces nous ont été présen­­­­­­­­­­­­­tées pour évaluer si elles étaient adap­­­­­­­­­­­­­tées ou pas au public en diffi­­­­­­­­­­­­­culté.
Toutes ces solli­­­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­­­­­tions ne sont pas inin­­­­­­­­­­­­­té­­­­­­­­­­­­­res­­­­­­­­­­­­­santes mais sont parfois frus­­­­­­­­­­­­­trantes. Il est diffi­­­­­­­­­­­­­cile de mesu­­­­­­­­­­­­­rer l’im­­­­­­­­­­­­­pact que l’on peut avoir. On a parfois l’im­­­­­­­­­­­­­pres­­­­­­­­­­­­­sion qu’on nous appelle un peu tard dans le proces­­­­­­­­­­­­­sus.
Ce serait plus cohé­rent de nous inter­­­­­­­­­­­­­­­­­pel­­­­­­­­­ler en amont de la réflexion, pour réflé­­­­­­­­­chir au projet de l’ins­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­tion, car on a parfois l’im­­­­­­­­­pres­­­­­­­­­sion que ces réunions servent simple­­­­­­­­­ment aux insti­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­tions à justi­­­­­­­­­fier le fait qu’elles aient demandé l’avis des asso­­­­­­­­­cia­­­­­­­­­tions de terrain sans que cela ne change en rien leur projet.

Nous avons donc décidé de prendre le temps de réflé­­­­­­­­­chir à la manière de répondre aux besoins de nos appre­­­­­­­­­nants et aux demandes de ces insti­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­tions. Car les réponses peuvent être multiples : propo­­­­­­­­­ser des forma­­­­­­­­­tions aux travailleurs de première ligne de certains services, travailler sur leurs docu­­­­­­­­­ments, leurs formu­­­­­­­­­lai­­­­­­­­­res… Diffé­­­­­­­­­rentes choses peuvent être mises en place, à diffé­­­­­­­­­rents niveaux mais il faut avant tout analy­­­­­­­­­ser les besoins. Par ailleurs, nous ne sommes peut-être pas compé­­­­­­­­­tents ou outillés pour répondre à certaines demandes des insti­­­­­­­­­tu­­­­­­­­­tions.
Une réflexion va être menée au sein de Lire et Écrire pour préci­­­­­­­­­ser notre métho­­­­­­­­­do­­­­­­­­­lo­­­­­­­­­gie, les balises à poser et surtout la place des appre­­­­­­­­­nants dans le proces­­­­­­­­­sus avant de répondre à de nouvelles solli­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­ta­­­­­­­­­tions.


 Comme Lire et Écrire le dit dans ses vidéos « Delete » et « Enter », il n’est pas ques­­­­­­­­­tion de choi­­­­­­­­­sir de vivre sans le numé­­­­­­­­­rique qui a envahi nos vies ; la numé­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­tion est là, il faut faire avec. Quelles seraient dès lors vos reven­­­­­­­­­di­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tions pour que la numé­­­­­­­­­ri­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­tion ne laisse pas sur le carreau des milliers de personnes ? Comment pensez-vous porter vos reven­­­­­­­­­di­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tions pour qu’elles soient enten­­­­­­­­­dues et suivies d’ac­­­­­­­­­tions ?

 Notre campagne a démarré autour du 8 septembre, jour­­­­­­­­­née inter­­­­­­­­­­­­­­­­­na­­­­­­­­­tio­­­­­­­­­nale de l’al­­­­­­­­­pha­­­­­­­­­bé­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­tion. Du coup les médias nous ont prêté une oreille atten­­­­­­­­­tive. Nous avons eu une bonne couver­­­­­­­­­ture média­­­­­­­­­tique.
Nous avons des inter­­­­­­­­­ac­­­­­­­­­tions avec le monde poli­­­­­­­­­tique, notam­­­­­­­­­ment avec le secré­­­­­­­­­taire d’État à la tran­­­­­­­­­si­­­­­­­­­tion numé­­­­­­­­­rique et avec le cabi­­­­­­­­­net du ministre bruxel­­­­­­­­­lois Cler­­­­­­­­­fayt (qui a d’ailleurs parti­­­­­­­­­cipé à notre sémi­­­­­­­­­naire sur l’ac­­­­­­­­­ces­­­­­­­­­si­­­­­­­­­bi­­­­­­­­­lité numé­­­­­­­­­rique). Il y a eu des inter­­­­­­­­­­­­­­­­­pel­­­­­­­­­la­­­­­­­­­tions parle­­­­­­­­­men­­­­­­­­­taires au niveau de la Fédé­­­­­­­­­ra­­­­­­­­­tion Wallo­­­­­­­­­nie-Bruxelles et de la Région wallonne. Lire et Écrire a été audité sur la réforme de la conven­­­­­­­­­tion du Forem sur le suivi coaching. Nous portons nos reven­­­­­­­­­di­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tions dans tous les espaces qui s’offrent à nous. La presse nous invite égale­­­­­­­­­ment. On est passé récem­­­­­­­­­ment sur BX1 et sur LN24. Nos spots ont été diffu­­­­­­­­­sés dans les ciné­­­­­­­­­mas. Nous sommes aussi solli­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­tés pour inter­­­­­­­­­­­­­­­­­ve­­­­­­­­­nir dans des classes d’étu­­­­­­­­­diants en stra­­­­­­­­­té­­­­­­­­­gie de commu­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tion et d’édu­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tion pour expliquer ce qu’est une campagne en éduca­­­­­­­­­tion perma­­­­­­­­­nente et leur présen­­­­­­­­­ter nos reven­­­­­­­­­di­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­tions. Ce sont des impacts indi­­­­­­­­­rects de la campagne. Toucher des futurs diplô­­­­­­­­­més qui seront des futurs commu­­­­­­­­­ni­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­teurs, c’est aussi inté­­­­­­­­­res­­­­­­­­­sant.