Pratiques commerciales : entrons en résistance ! ( Contrastes Octobre 2011)
Un ennemi coriace …
Serait-ce une bonne nouvelle ? : Alors que Paul Magnette nous explique comment il fait de la résistance par rapport à la tendance au nivellement par le bas imposée par les directives européennes (voir son interview en page 11), le CRIOC vient de sortir les résultats d’une enquête démontrant que le consommateur lui aussi fait de plus en plus preuve de résistance et d’esprit critique(1)
Pas question, pour le consommateur, de prendre pour argent comptant ce que lui racontent les marques. Il est irrité par la publicité, craint d’être manipulé, poussé à acheter un produit dont il n’a pas vraiment besoin ou de piètre qualité.
De l’autre, il porte une attention plus grande à l’environnement, à l’éthique, à la nécessité de mieux cibler ses achats. Méfiance et aspiration à une consommation responsable: telles sont les deux facettes de la résistance du consommateur vis-à- vis de l’offre commerciale.
On voudrait y croire. Car même si la résistance s’organise, l’ennemi est coriace et souvent roublard.
L’ennemi, ce sont les sociétés commerciales et parmi elles, les opérateurs de téléphonie et d’énergie et leurs pratiques douteuses qui frisent l’arnaque. Ce sont les sociétés de crédit qui essayent de vendre du rêve aux personnes en proie au cauchemar du surendettement, et qui aggravent encore leur situation. Ce sont les sites de vente sur internet qui profitent de la facilité et de la rapidité de commande pour favoriser les achats impulsifs.
Ces pratiques commerciales agressives qui ne cessent d’augmenter menacent en premier lieu l’équilibre financier des personnes qui sont en situation de précarité.
Mais contrairement à ce que l’on pense, les travailleurs ne sont pas non plus à l’abri du surendettement. Car le salaire donne l’illusion d’un pouvoir d’achat et d’un “vouloir d’achat” qui ne résiste cependant pas à certains aléas de la vie comme le divorce, la perte d’emploi ou la maladie (voir article en page 7).
Face à ces pratiques, les résistances sont souvent d’ordre privé et individuel : refus d’achat, dénonciation du comportement de l’entreprise auprès de l’entourage, dépôt de plainte, etc.
Par ailleurs, la pratique de la médiation développée dans le domaine de l’énergie et des télécommunications s’étend à d’autres secteurs et est encouragée par les pouvoirs publics (voir article en page 16).
La médiation est utile pour éviter des frais de justice et de longues procédures, mais elle repose toujours sur les individus et reste compliquée.
La résistance doit également s’inscrire dans une action politique destinée à modifier les rapports de force en matière de consommation.
Cet objectif est néanmoins difficile à atteindre, comme le prouve l’absence actuelle de législation en matière d’actions collectives. Et sans cadre qui régule les pratiques commerciales et qui permette l’organisation collective de la défense des consommateurs, c’est la loi du plus fort qui continuera à s’imposer.
1. Etude complète : “La résistance du consommateur” sur le site www.crioc.be
Sommaire
p3 PRATIQUES COMMERCIALES :
- On n’est pas des pigeons !
En nous faisant croire que l’on peut tout avoir très vite et à moindre prix, les pratiques commerciales abusives peuvent avoir des conséquences graves sur la situation financière de certaines personnes.
p7 SURENDETTEMENT :
- Travailler et être surendetté, pas si rare !
Parmi les personnes en médiation de dettes, près d’un tiers ont des revenus professionnels. Quelle prévention au sein des entreprises ?
p11 INTERVIEW :
- “La Belgique fait de la résistance….”
Paul Magnette, Ministre en charge de la protection des consommateurs
p16 MÉDIATION :
- Privilégier la solution à l’amiable
La médiation se profile de plus en plus comme une alternative à la procédure judiciaire, dans de nombreux domaines, dont celui de la protection des consommateurs.
Mais elle repose essentiellement sur les épaules des consommateurs.
Prix au n°
Prix au n° : 2 €
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