Banques : ça plane pour qui ? (Contrastes Décembre 2012)
La finance désacralisée
Durant des années, la finance a été sacralisée. Elle promettait
monts et merveilles. On croyait voir, comme par miracle, la
richesse naître de la richesse.
Là où une entreprise pouvait,
dans le meilleur des cas, donner un rendement de 8%, les
placements financiers faisaient pleuvoir du 25% !
Ça
marchait ! Alors, quand ça marche, pourquoi se poser des
questions ? Et puis soudain, la débâcle ! Et pas seulement la faillite d’une grosse boîte. Non.
L’écroulement de tout un système, entraînant à sa suite une contraction de l’économie un peu partout dans le monde, des
millions d’emplois perdus, l’étranglement des finances publiques et une indicible angoisse face à un futur très incertain.
Car rien ne dit que la crise est finie. Seul effet collatéral bénéfique, la finance est tombée de son piédestal. L’opinion publique, bercée par les refrains aux mots si simpl(ist)es des cantiques néolibéraux, s’était assoupie, confiante dans ses bergers banquiers.
Elle s’est réveillée. Le débat public sur la finance, sur ses rouages, sur ses dérives, prend racine ici et là. Nous voyons l’urgence de construire une expertise collective sur ce secteur trop longtemps laissé aux mains d’experts, dont certains, aujourd’hui, disent : “Mais moi non plus, vous savez, je n’y comprenais pas grand-chose”.
A l’heure de boucler ce dossier, le vicomte Maurice Lippens, ex-président du conseil d’administration de Fortis, est inculpé dans le cadre de la procédure pénale menée contre l’ex-bancassureur pour manipulation de cours, escroquerie et faux en écriture. Entendu déjà en début d’enquête il y a quatre ans, il avait déclaré que, n’étant pas banquier, il ne comprenait pas toute la complexité des produits financiers.
On peut se demander alors pourquoi il a cautionné les décisions prises. On peut aussi se demander combien de personnes, ces dernières années, ont pris des décisions financières qui engageaient des sommes colossales sans s’inquiéter de ne
pas bien comprendre dans quel jeu ils jouaient, mais contents
parce que ça rapportait.
Ce dossier de Contrastes (plus épais que d’habitude) se veut une contribution pour éclairer certains aspects du débat.
Qu’est-ce que la monnaie, par exemple, et qui la crée ? Nous
nous intéresserons aussi au rôle des banques, à leur évolution, en particulier depuis la séparation des métiers bancaires jusqu’à la crise des subprimes. Nous aborderons ensuite ce qu’on peut appeler le rebond de cette crise dans la zone euro, avec le problème de la dette publique.
L’invité de l’interview est Georges Gilkinet, député fédéral Ecolo et président de la Commission des Finances et du Budget de la Chambre. Avec lui nous aurons un regard plus belgo-belge, notamment sur la situation de Dexia et sur une proposition de Livret d’épargne voué au soutien à l’économie réelle.
Cette proposition concrète ouvre la seconde partie du dossier. Celle des pistes. Elles vont depuis des mesures indispensables de réglementation du secteur bancaire jusqu’à des perspectives plus larges pour changer le modèle, en passant par la réinvention d’une banque coopérative.
Car réglementer ne suffira pas. Le système a montré ses limites. C’est tellement vrai que le FMI lui même réfléchit timidement à refonder un contrôle de la circulation des capitaux.
Plus fondamentalement encore, la crise de 2008 trouve ses sources dans le manque de partage des richesses.
Un petit nombre accumule du capital tandis que les salaires stagnent et que l’emploi devient rare et précaire, conduisant à l’endettement généralisé des ménages aux Etats-Unis, les plus pauvres devenant la proie de banquiers dont la cupidité
et le cynisme font par ailleurs froid dans le dos.
On ne peut plus se permettre de laisser un secteur aussi vital servir le seul profit d’une minorité. Il faut repenser ce secteur, son fonctionnement, ses modes de contrôle et de décisions, dans le sens de l’intérêt général. Ce n’est pas l’affaire des agences de notation. C’est la nôtre.
Sommaire
Auteurs : Christine Steinbach, Xavier Dubois, Claudia Benedetto, Monique Van Dieren
Introduction : La finance désacralisée
La monnaie : comment est né l’argent-dette
Christine Steinbach, Equipes Populaires
Du banc à la bulle, le blues du banquier
Xavier Dubois, Equipes Populaires
Dette souveraine et crise de l’Euro : Stop audumping fiscal
Xavier Dubois et Christine Steinbach, Equipes Populaires
Entretien avec Georges Gilkinet :
Les banques doivent mettre la main au portefeuille
Claudia Benedetto et Monique Van Dieren, Equipes Populaires
Et si on redevenait coopérateurs pour de vrai ?
Christine Steinbach, Equipes Populaires
Pour une socialisation de la finance Christine Steinbach, Equipes Populaires
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N.B. Ce numéro comprenant un dossier spécial, il ne sera donc pas téléchargeable gratuitement.
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