Jeunes : L’autonomie en sursis (Contrastes, décembre 2015)
Les jeunes, un risque à gérer ?
La vie des jeunes n’est pas un long fleuve tranquille. On dit souvent que l’adolescence est une période difficile, mais la transition vers l’autonomie l’est tout autant.
Les raisons de cette fragilité sont multiples : difficulté d’évaluer le coût de la vie, influence grandissante de la pub et des copains quand celle des parents diminue, omniprésence d’une société où il faut consommer pour exister.
Mais aussi difficulté de plus en plus grande de se forger une place sur le marché de l’emploi, qui représente pourtant la principale porte d’accès à l’autonomie.
Comme le montre l’article en page 3, le contexte familial dans lequel les jeunes ont grandi influence l’âge où ils quittent le toit familial mais aussi la manière dont ils vont gérer tant bien que mal leur autonomie. Car avant cette étape, les jeunes souffrent souvent de la situation sociale, de l’effilochement, voire de la rupture des relations familiales, et en sont les témoins impuissants.
Dans ce cas-là, difficile de se projeter dans l’avenir. D’autant que, comme l’explique Pierre Doyen dans la revue Politique n°68 (janvier-février 2011), “les jeunes s’interrogent sur le rôle des décideurs politiques et portent à leur encontre un regard sans concession.
Ils constatent que les choix posés par les décideurs n’améliorent pas leur situation.
Les jeunes s’interrogent sur leurs chances, leur avenir, en particulier sur l’accès à l’emploi, qui leur semble compromis”.
Dans son interview en page 10, Christophe Cocu, président de la CCOJ, fait part de son inquiétude face au très long parcours que le jeune doit effectuer pour se rendre intéressant auprès des employeurs : études poussées, stage gratuit, service civil ou bénévolat, jobs étudiants et intérim en pleine expansion (voir article pages 8–9), tout cela entrecoupé de périodes d’inactivité et de stages d’attente, retardent et compliquent l’autonomisation des jeunes.
Quitter le domicile familial n’est pas une sinécure non plus, même pour les jeunes qui ont la chance de bénéficier d’un emploi.
Le “parcours du jeune locataire” décrit en page 14 montre que, plus qu’un choix, la colocation devient de plus en plus un passage obligé au vu du coût des loyers. Et que la discrimination anti-jeunes est toujours bien vivace dans le secteur du logement !
Les jeunes sont en effet de plus en plus perçus comme un “risque à gérer”. Changer le regard que les adultes portent sur les jeunes, et soutenir les projets qu’ils mettent en place, c’est vital pour une société qui veut sortir du marasme.
Il y a urgence à prendre des mesures politiques qui permettent aux jeunes de vivre cette période de leur vie comme une chance plutôt que comme un risque. Car il est difficile d’être heureux et confiants dans l’avenir lorsqu’on est en sursis…
Sommaire
p3 – La famille, une précieuse Boîte à outils Y a-t-il un lien entre le contexte familial dans lequel les enfants ont vécu et la capacité qu’ils ont à gérer leur argent une fois devenus majeurs ? Telle était la question centrale de l’enquête réalisée par Jan Velghe, expert à l’ABREOC. La réponse est sans conteste positive. Mais des nuances s’imposent.
p6 – Jeunes étudiants au CPAS Les mesures prises en matière d’allocations sociales touchent de plein fouet les jeunes de 18 à 25 ans. Face à ce phénomène, de plus en plus de jeunes se tournent vers les CPAS. Pour pouvoir survivre, tout simplement. Ou parfois pour poursuivre des études. Le résultat ? Les avis sont mitigés.
p10 – interview : Christophe Cocu : L’engagement des Jeunes ne faiblit pas Pour Christophe Cocu, directeur de Relie-F et président de la CCOJ, une série de mesures liées à l’accès à l’emploi et au logement freinent la quête d’autonomie des jeunes. Mais nombre d’entre eux expérimentent et exercent leur indépendance en prenant des responsabilités dans des projets citoyens. Une manière de casser l’image déformée que la société se fait de la jeunesse.
p14 – Se Loger, Le parcours du Jeune combattant ! Rester chez ses parents jusqu’à trente ans, qui en rêve ? L’autonomie passe naturellement par le fait d’avoir un « chez-soi ». Mais pour avoir un logement, il s’avère qu’il vaut mieux avoir « bon teint », les poches pleines, une bonne expérience et… ne pas avoir l’air trop jeune. Ou gare à la galère !
p17 – L’autonomie ? Mon pire rêve ou mon meilleur cauchemar… En tant qu’adultes, le mieux qu’on puisse souhaiter aux jeunes, à « nos jeunes », c’est qu’ils deviennent autonomes. Nous nous attendons à ce que, pour elles et eux aussi, ce soit leur désir le plus ardent que de pouvoir construire leur vie comme elles et ils l’entendent. Mais il ne suffit pas de savoir faire ses lacets (et se retrousser les manches) pour s’y retrouver dans notre monde complexe à l’extrême et pouvoir prendre son envol !
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