Droit au logement : « Toit= Moi+Nous » (2009 – 2010)
Cette campagne visait à réguler le marché locatif privé, notamment en relançant le débat sur l’encadrement des loyers.
Par la campagne “Toit + moi = Nous”, les Equipes Populaires ont voulu mettre en évidence que le droit au logement décent, inscrit dans la Constitution, ne peut se concrétiser s’il est laissé aux seules mains du marché. Et ce droit ne sera effectif que s’il est porté collectivement.
Cette campagne est partie d’un constat: A Bruxelles comme en Wallonie, trouver un logement décent à louer pour un prix accessible devient une gageure pour un nombre de plus en plus important de ménages. Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, le nombre de logements sociaux disponibles reste trop faible tant pour accueillir les candidats locataires qui répondent aux conditions d’accès, que pour influencer les prix du marché.
Une grande partie de la population n’a donc pas d’autre choix que de se tourner vers le parc privé. Or, le prix des logements privés est librement fixé. Il est parfois exorbitant et est disproportionné par rapport à la qualité du logement.
En effet, il n’est pas rare de devoir constater pour des garnis, des kots, des meublés, des appartements ou maison unifamiliales, l’application d’un loyer parfois totalement disproportionné et inaccessible pour des personnes ou familles à faible ou moyen revenu..
Même si nous sommes 70% de Belges à posséder un logement que nous occupons, ce chiffre est à nuancer selon les régions.
La Wallonie compte près de 70% de propriétaires et 30% de locataires, A Bruxelles, c’est le contraire : 70% de locataires et seulement 30% de propriétaires.
Or,dans un contexte de crise généralisée et d’emplois précarisés, beaucoup de ménages, surtout parmi les jeunes, risquent d’avoir plus de difficultés à stabiliser leur situation financière pour pouvoir se permettre d’acheter un logement.
Un coût impayable
Pour les ménages à très faible revenu, le poids du loyer dans le budget est tout simplement intenable. A Bruxelles, plus de la moitié des locataires consacrent 41% de leur budget au loyer. En Wallonie, les ménages qui ont un revenu ou une allocation de 650 à 900 € paient de 300 à 499 € de loyer, soit jusqu’à plus de 40% de leur budget. Il y a donc à la base un problème de revenu. Le problème s’aggrave si nous y ajoutons les coûts énergétiques et a fortiori si le logement est une véritable passoire en termes d’isolation et de système de chauffage inadapté. Ce qui est le cas pour une partie importante du parc locatif public et privé. Notons également dans ce tableau peu éloquent les quelque 10000 familles qui vivent de façon permanente dans des campings, confrontées à l’isolement social et culturel.
Mais les difficultés d’accès s’étendent à d’autres composantes de la population. En cause, la flambée des prix à l’achat. Et l’évolution des prix des loyers est étroitement liée à celle des prix de vente. Dans cette évolution, la qualité et les standards de confort jouent évidemment un rôle. Mais la spéculation aussi. Il y a un manque de logements accessibles, et cette pénurie entraîne une hausse des prix. Cette situation touche certaines provinces plus gravement que d’autres, mais par un effet de domino, quasi toutes sont atteintes.
A coté de cela, on dénombre beaucoup trop de logements vides. En ce domaine, les autorités publiques devraient davantage être actives, notamment par l’application de la loi Onkelinx sur la réquisition des logements vides, ou en adoptant le projet de loi qui permet de leur appliquer une taxe proportionnelle à leur temps d’inoccupation.
Au travers d’actions multiples et depuis longtemps, nos fédérations, nos groupes locaux ont mis en évidence les réalités criantes rencontrées par les gens en ce domaine, en ne se limitant pas uniquement à dénoncer les injustices, le manque de politique cohérente du logement, mais en apportant également des pistes de solutions.
Encadrer, oui mais comment ?
Comme pour la crise financière où l’autorégulation était placée comme un mécanisme sacré (et nous voyons malheureusement où cela nous a conduits), nous pensons qu’il faut avancer vers une régulation des loyers privés. Rappelons que dans le parc locatif public, il y a déjà l’application d’un mode d’objectivation des loyers.
Parmi les différentes mesures envisagées pour réguler les loyers, celle de l’encadrement des loyers semble actuellement la plus intéressante à creuser.
Concrètement, il s’agit de déterminer des critères objectifs pour calculer le prix à lui attribuer.
Le principe est le suivant : on établit le prix maximum qui peut être demandé pour un logement, en fonction de sa qualité. Pour cela, une liste de critères est établie, chacun valant un certain nombre de points. Parmi ces critères, on trouve la superficie, les équipements (chauffage, sanitaires…), mais aussi l’environnement dans lequel se situe le logement en question.
Ce système est en vigueur aux Pays-Bas où il permet un véritable contrôle des loyers et concerne 95% des logements !
Il est évident que pour y parvenir, une dynamique de la concertation s’impose entre représentants des propriétaires/bailleurs et représentants des locataires.
En Belgique, le gouvernement fédéral avait lancé en 2006 trois projets pilotes qui avaient pour objectif de déterminer des critères et les modalités de fonctionnement de cet encadrement des loyers. Les villes de Bruxelles, de Gand et de Charleroi ont vu ainsi se constituer des projets pilotes de commissions paritaires locatives. Hélas, aucune suite n’y a été donnée après les élections législatives de 2007.
Le droit au logement se construit collectivement
Les revendications des Equipes Populaires
- Mettre en oeuvre un observatoire national des loyers, sur la base de l’enregistrement, désormais obligatoire, des baux à loyers. Cet outil permettra d’établir des loyers de référence par type de logement.
- Relancer la réflexion et les chantiers d’expérimentation d’encadrement des loyers, en commençant par relancer l’initiative de commissions paritaires locatives locales.
- Développer les Agences immobilières sociales, qui facilitent l’accès au logement grâce au principe de loyer conventionné (système de négociation entre représentants des propriétaires et des locataires)
Les outils de sensibilisation
- Un dépliant d’information tout public : il présente la problématique du prix du loyer et les différentes manières de le réguler.
- Une enquête “Mieux connaître le prix des loyers” : elle permet d’observer le prix des loyers dans sa commune et d’interpeller les autorités locales sur leur politique du logement.
- Un dossier pédagogique de Contrastes