Equipons-Nous ! Février 2019
Edito : Promesses et désillusions
Voici revenu le temps des promesses, n’est-ce pas la tradition des voeux de l’an neuf ? Que ce soit dans les discours politiques ou dans certains engagements que nous prenons chaque fois que l’on tourne la page du calendrier le 31 décembre, le temps des promesses se transforme parfois très vite en désillusion…
Que dire des verbiages toujours plus nombreux mais, hélas, souvent reflets d’hypocrisies sans cesse remises sur le tapis ? On l’a encore bien perçu après l’accord « à minima » de la dernière Cop 24 en Pologne.
Les citoyens de plus en plus sceptiques et de plus en plus nombreux à entrer « en résistance » ne s’en laissent plus conter ! Ils savent pour qui travaillent ces représentants politiques et les experts mandatés par les lobbys multinationaux : tous au garde-à-vous devant l’élite mondiale de l’ultra-libéralisme. Il ne faudrait pas que l’on commence à rogner sur les plantureux dividendes des actionnaires de ces géants de l’économie capitaliste.
Et nous dans ce concert « médiatico-politico-économique », que devons-nous faire ? On nous dit, dans le monde scientifique, que les menaces n’ont jamais été aussi sérieuses dans le domaine environnemental et les « collapsologues » tenants de l’idée de l’effondrement* prédisent la fin de notre civilisation, voire la disparition pure et simple de l’espèce humaine.
Chacun d’entre nous est libre de croire, d’être sceptique, d’être indifférent face à ces affirmations. Cependant, force est de constater que des indices révélateurs sont bien là et doivent nous faire réfléchir. Comment réagir lorsque tout le monde tient un discours parfois alarmiste : « tout va mal », « on n’est plus en sécurité », « le monde devient fou », « il n’y a plus de repères »…
Je pense qu’une bonne dose de bon sens est indispensable à assurer notre survie et l’avenir de nos petits-enfants. Puis-je encore me permettre de pratiquer la politique de l’autruche et ne pas faire l’effort de changer mon comportement ?
Je constate, une fois de plus, que la culture ultra-libérale nous enveloppe d’une chape très pesante et que, trop souvent, le harcèlement publicitaire nous transforme en robot-consommateur.
J’ai été écœuré par l’opulence des étals des grandes surfaces, par la surenchère aux divertissements débiles, par le gaspillage scandaleux durant cette période festive… Fêtes ,voilà un vocable où seul le dieu-argent a régné en maître incontestable…
Il faudrait une résolution à vivre plus sobrement, une attention accrue aux êtres fragiles, une envie de se poser pour se de-mander jusqu’où va l’individualisme ! Je vous le souhaite ardemment pour 2019.
Bernard
*Voir Contrastes n°184.
Echo des groupes locaux
Braijocepoc : Après une période difficile, notre atelier d’écriture d’un conte progressiste sur les violences faites aux femmes reprend enfin du service. Nous espérons terminer prochainement cette histoire que vous aurez alors l’occasion de lire.
Momignies : Les équipiers de Momignies se son questionnés sur des sujets d’actualité. Une manière de décrypter ensemble les nouvelles et d’y trouver du sens; en remettant en question la qualité et la pertinence des informations dont nous disposons et par une réflexion collective. Le mois prochain, il est prévu d’aborder la question de la dette publique.
Beaumont : L’Equipe de Beaumont-Solre va se pencher ce mois-ci sur les moyens d’action à l’échelle d’un groupe. Comment changer la société qui nous entoure sans mobiliser des centaines, voir des milliers de personnes? Pour nous aider dans cette réflexion, nous recevrons Nicolas Dereume du CIEP.
Wanfercée-Baulet : Le bien commun : une recherche et une analyse nous est proposée par Daniel, un équipier. Parler du bien commun, n’est-ce pas devenu un signe de ralliement des mouvements sociaux à travers la planète pour affronter la crise de civilisation économique, alimentaire, sociale, environnementale, que nous subissons aujourd’hui ? Prochaine rencontre le 12 février.
Jumet : Lors de la réunion de janvier, le groupe s’est penché sur les différences existantes entre religions. Décision de visiter la Ferme de Maustitchi le 20 mars prochain.
Le marché locatif vu par les scientifiques
On dit souvent, et à juste titre, que les loyers plombent le revenu des ménages. A savoir, un bail sur deux ne fait pas l’objet d’un enregistrement malgré l’obligation légale.
Et dans l’enregistrement des baux, on ne trouve que très peu d’information sur le type de logement, la surface. Nous devons savoir que 40% des baux signés en 2016 se focalisent surtout sur les communes riches. Question d’éducation peut-être ?
Un constat inquiétant : les loyers de biens les plus modestes croissent plus vite que ceux des logements plus chers et plus spacieux, qui ont même tendance à diminuer.
En Wallonie, augmentation de 14% pour un appartement une chambre entre 2006 et 2016, alors que celui des maisons 4 chambres a diminué de 11%. L’augmentation pèse plus lourd chez les publics précaires. Ces constats peuvent être mis en lien avec la pauvreté.
Lorsque dans le mouvement, on demandait des critères pour établir le prix des loyers, cela devient une urgence : le loyer devient-il un facteur de protection sociale ?
Georges
Billet d’humeur
N’allez surtout pas croire que je suis un farouche opposant aux utilisateurs de leur voiture, ce serait trahir mon sentiment. Je suis plus simplement en réflexion sur ce mode parfaitement individualiste de mobilité.
J’habite depuis un an dans un village mi-rural mi-dortoir des travailleurs urbains. Au dire des anciens, il a été très longtemps un village « tranquille ».
La multiplication des quartiers essentiellement constitués de nouvelles constructions, avec souvent des résidents qui utilisent deux véhicules a contribué à densifier le trafic. D’où ce sentiment que la relative tranquillité s’est muée en environnement de plus en plus bruyant et pollué…
J’ai remarqué, en observant les flux aux heures de pointe que la plupart des voitures ne sont occupées que par une personne, avec parfois l’un ou l’autre occupant et des enfants aux entrées et sorties d’école. A cela, il faut ajouter les véhicules utilitaires et les engins agricoles, de même que les nombreux poids lourds lors des récoltes saisonnières (betteraves, pommes de terre).
Il se trouve que, au-delà de ce trafic habituel, se comptent aussi ceux et celles qui prennent la voiture pour faire 500 mètres et qui, souvent, empiètent sur les trottoirs réservés aux piétons (espèce en voie de disparition). Evidemment, force est de reconnaître que des personnes handicapées ont vraiment besoin de leur véhicule et nul ne pourrait leur en vouloir !
Mon épouse et moi avons décidé l’abandon de l’usage d’une voiture depuis dix ans déjà, suite à des aléas de la vie et contraints de le faire. Néanmoins, la question de l’utilisation d’une voiture et des facilités qui en découlent nous sont revenues à la face récemment. Nous avons utilisé la voiture de notre fille aînée, privée momentanément de sa possibilité de conduire… et, nous avons vite constaté deux choses : c’est facile, mais après deux passages à la pompe à essence, c’est cher…
Le transport en commun, c’est bon marché (nous payons 36 euros d’abonnement annuel aux TEC), mais c’est parfois fastidieux… Oui, mais pas irréaliste comme certains le disent. On est d’accord que cela pourrait être mieux, mais comme me disait un responsable aux TEC, on met parfois des bus spéciaux pour assurer des déplacements vers des lieux de loisirs, de commerce et pas toujours avec succès auprès du public… qui se plaint qu’on n’a pas assez de bus disponibles…
A l’heure où l’on parle « pouvoir d’achat », il est pratiquement exclu qu’un couple de retraités, avec une pension honorable, et locataires de leur habitation puisse encore utiliser un véhicule personnel. Il faut faire des choix : se soigner correctement, s’alimenter sainement, se vêtir, se chauffer, choyer ses petits-enfants : c’est possible si l’on renonce à la voiture !
Comment aussi s’y retrouver quand on entend les intentions de nos gouvernants quant aux exigences pour encore pouvoir rouler d’ici quelques années, quand on constate que la grande majorité des véhicules de grosse cylindrée, les SUV, les 4/4 sont des véhicules de société… on comprend que, comme le souligne mon épouse, le trafic est incessant et il y a beaucoup de grosses voitures…
Ma voiture, ma liberté disait un slogan publicitaire des années 60… Ma voiture, ma puissance, disait un autre slogan des années 2010.
Triomphe du chacun pour soi, mais à quel prix ?
Il faudra privilégier dans la problématique des mobilités d’avenir, outre l’amélioration des transports en commun, les taxis collectifs ou associatifs, le covoiturage, et bien sûr, l’utilisation des moyens de locomotion doux. Il y va non seulement de la qualité de vie mais aussi de notre pouvoir d’achat. Il n’est pas nécessaire de revêtir un gilet jaune pour réfléchir, pour entrer en résistance, pour lutter contre l’individualisme.
Merci de votre compréhension et, bonne route !
Bernard
NB : à ma grande satisfaction, j’ai également pu constater au cours de ces semaines d’utilisation d’une voiture la multiplication des comportements agressifs, inciviques voire dangereux !
Franchement, je suis moins stressé, moins fatigué quand j’utilise les transports en commun…
Des lendemains qui n’enchantent personne !
Pour une fois, un débat politique du mercredi avant la Noël pour expliquer la crise était audible et compréhensible. On se respectait.
On a malgré tout entendu toujours les même discours des gouvernants. Bref, ils devaient bien défendre leurs casseroles.
Lors du débat au MOC avec Jean Faniel « la gauche en Belgique, une droite polaire, deux clivages ». Beaucoup de partis étaient présents.
En conclusion, on pouvait lire : beaucoup de partis se revendiquent ou prouvent peu leur appartenance à la gauche. Tous promettent l’égalité entre les citoyens sur le plan socio-économique, ou des droits civils et politiques, mais en même temps des différences importantes séparent ces partis selon le rapport au pouvoir, leur histoire ou le clivage productivisme, anti-productivisme.
Les partis radicaux de gauche accusent les partis du gouvernement PS/Spa d’avoir abandonné leur volonté de transformation sociale, et de ne pas défendre assez ardemment les droits des plus faibles. Ces partis se défendent en disant que l’exercice du pouvoir dans des conditions de rapports de force actuels les contraint d’accepter des compromis. Le décor est planté pour le débat en groupe local.
Mais au-delà d’autres partis existent aussi : le clivage gauche-droite. Qu’on le veuille ou non, les partis méritent quand même que l’on s’y attarde un peu. Sans partis, ne serait-ce pas le chaos?
Nous avons, il me semble, des clés pour analyser les programmes politiques qui vont venir. A nous de voir comment seront traités les sujets qui nous touchent dans notre quotidien.
Ce document est tiré d’une rencontre Ciep-MOC de Charleroi et se veut instructif. Il est disponible à la régionale des Equipes Populaires, il pourra nous servir à analyser. Chacun est libre de s’en servir ou pas mais il peut être un outil de compréhension.
Merci à vous tous,
Georges
« Le clivage gauche droite en politique », par Perrine Detober, permanente au Ciep communautaire.
Et si on parlait
De la nouvelle année bien sûr. Qu’elle soit pour vous toutes et tous, pour nos familles et amis, source de bonheur, de joie, de sagesse, et d’espérance. Que les plus âgés d’entre nous conservent bon pied bon œil et qu’ensemble, nous ayons une santé de fer.
Une année 2019 qui se présente sous de mauvais augures, des élections bousculées se profilent à l’horizon.
En 2018, nous parlions démocratie et espérions des jours meilleurs. Les élections communales avaient donné de l’espoir. Qu’en est-il aujourd’hui ? S’il y a eu des nouvelles figures, c’est très bien, de nouvelles idées, tant mieux, nous ne pouvons que souhaiter au travail maintenant. Mais sans gouvernement « affaires courantes », toutes les décisions pourront-elles être prises ?
Nous avions parlé aussi de bien commun. Serait-il à la fois le bien de chacun et le bien de tous dans nos régions ou sur la terre entière ? Le soleil, l’eau, l’air, la terre ne pourraient-ils pas être le dénominateur commun ?
Dans notre langage parlé, lorsque nous disons « nous », on existe et nous sommes en communion en débat avec les autres, nous disons « tu es », j’ai besoin de dialogues pour vivre et je reconnais mon vis-à-vis comme un être à part entière. Lorsque je dis « je », c’est un appel à apprendre à se connaître, à s’imposer des limites pour entrer en contact avec « tu viens diner chez moi » ou « nous allons vivre ensemble ».
Une question traverse mon esprit : en référence à quoi ? A qui ? Et pourquoi ? C’est à construire : si je dis religion, si je dis économie et système économique, si je dis bien matériel, ou immatériel. Quand je pense santé, éducation, famille, travail, religion, consommation, loisirs, sport, solidarité, culture, relations humaines, vie associative, communication, politique, précarité, recherche d’emploi, d’équilibre. Et si je dis : sécurité sociale, sécurité d’existence, droits de l’homme, partage, droit de propriété.
Un éventail de sujets, vous pensez certainement à d’autres. Mais alors, dans quelles colonnes les place-t-on : matérielle ou immatérielle ?
Le bien commun est-il le même partout dans le pays ? Pour nous, des souvenirs d’équipiers décédés aujourd’hui faisaient souvent référence à l’église, institution pas assez proche du peuple. En 1961, une charte écrite par le pape Jean XXIII intitulée « Charte de la doctrine sociale » et reprise aujourd’hui par le forum international pour une nouvelle doctrine sociale de l’église catholique !
Peut-être en équipe la reprendre et à l’illustrer par le contexte d’aujourd’hui ? Une nouvelle année commence aussi pour le mouvement. Se protéger dans l’avenir, les idées foisonnent. En février, on vous en parlera, elles ont déjà été élaborées en septembre et fin janvier elles seront à nouveau remises au goût du jour. L’actualité ne s’arrête pas le 31 décembre.
Bonne route à toutes et tous,
Georges
Charte de la doctrine sociale élaborée
par le pape Jean XXIII en 1961 :
Il faut considérer les exigences du bien commun sur le plan national : donner un emploi au plus grand nombre possible de travailleurs.
Éviter la formation de catégories pri-vilégiées, même parmi les travail-leurs, il faut maintenir une propor-tion équitable entre salaires et prix.
Donner accès aux biens et services au plus grand nombre possible.
Éliminer ou réduire les déséquilibres entre secteurs économiques : agri-culture, industrie, services.
Équilibrer expansion économique et développement des services publics essentiels.
Adapter dans la mesure du possible les structures de production aux pro-grès des sciences et techniques.
Le bien commun a en outre des exi-gences sur le plan mondial et il faut éviter toute forme de concurrence déloyale entre les économies natio-nales.
Favoriser par des ententes fécondes la collaboration entre économies na-tionales et favoriser le développe-ment des communautés moins avan-cées économiquement.
Ce texte est actuellement repris et va faire l’objet d’une charte qui est étudiée par le forum international pour l’élaboration d’une nouvelle doctrine sociale de l’église catholique.
Agenda
MARDI 19 FEVRIER à 14h00 : Groupe local de Momignies
MERCREDI 20 FEVRIER à 16h30: Groupe local Solidaroctiau
MARDI 26 FEVRIER à 13h00: Projection film du groupe Astuce nature
LUNDI 11 MARS à 18h30: Café citoyen Crowdfunding à Charleroi
MARDI 12 MARS à 19h30 : Groupe local Wanfercée-Baulet
MARDI 26 FEVRIER à 13h00: Projection film du groupe Astuce nature