Equipons-Nous ! Juillet-août 2018
Vive les vacances …
Cette année-là, après avoir déjà séjourné à plusieurs reprises (lors des années précé-dentes) dans des villages paisibles, suite à une longue maladie de ma mère, nous sommes partis un mois à Florenville, belle cité gaumaise. Mon père avait le privilège de bénéficier déjà de trois semaines de congés payés dans l’usine métallurgique où il travaillait !
Je me souviens que certains de mes amis partaient parfois à la mer, rarement à l’extérieur de la Belgique et beaucoup restaient chez eux … quelques-uns passaient leur été chez des grands-parents … Mon père avait loué un appartement situé au-dessus d’une boulangerie face à l’église ! Imaginez l’odeur matinale de la cuisson des pains …
A l’époque, très peu de « viennoiseries », mais du bon pain et il n’y avait que le dimanche matin pour se régaler de couques au beurre, avec un bon chocolat chaud !
Parfois, lors de nos longues promenades, il arrivait que nous rencontrions de braves paysans dont certains trouvaient étonnant que mon père avait la chance d’avoir trois semaines de congés …
Que dire presque soixante ans après ? Ce que j’entends : « on réserve son séjour (à l’étranger forcément) quasi six mois à l’avance », « le séjour ne correspondait pas aux attentes », « la plage était surpeuplée », « les files d’attente étaient insupportables aux guichets des aéroports », « il y a encore eu des grèves de ces emmerdeurs qui ont obligé à postposer le départ ». Bref, beaucoup de lamentations, sans compter que les coûts deviennent, dit-on, impayables … « pensez donc, on a dû emprunter pour nos vacances ».
Et si, par malheur, on croise des candidats à l’asile en Europe, on s’exclame « c’est pas permis, qu’on les renvoie chez eux, ils viennent troubler le climat de nos vacances … »
Dans ce monde d’opulence où les comportements dépendent de l’argent dont nous disposons (ou pas), on dépense parfois de manière scandaleuse ou on se prive souvent en étant soumis aux appels des sirènes de la consommation, d’où ce besoin de vider son sac face à l’inégalité de plus en plus inacceptable entre riches et pauvres.
Oui, en ces vacances d’été, je voudrais prendre le temps d’une pause pour réfléchir à cette dérive sociétale qui engendre de plus en plus de souffrances, alors que les médias, à force de chiffres issus des études (coûteuses), nous font croire à un illusoire bonheur quasi inacceptable pour la plupart d’entre nous …
Je vous invite à trouver la sérénité dans des moments de détente que vous pourrez partager avec votre famille, vos amis, vos voisins et, pourquoi pas, avec d’autres que vous rencontrerez peut-être, pas loin de chez vous ou en séjour ailleurs ! Bonnes vacances et soyez en forme à la rentrée !
Bernard
NB : lu dans La Libre Belgique : il y a près de 120.000 millionnaires (en euros) en Belgique, soit à peu près 50% de plus qu’il y a 5 ans …
Echo des groupes locaux …
Beaumont : Les membres de l’Equipe de Beaumont feront ce quatorze juillet leur barbecue traditionnel d’été. Un moment de détente et de convivialité après toute une année de travail et avant de se retrouver en septembre prochain, regonflés à bloc !
Braijocepoc : au contraire de la plupart des autres groupes de la régionale, les ateliers d’écriture de contes progressistes et de création de jeux de société poursuivent leurs activités en été. C’est même l’occasion d’en mettre un coup pour avoir quelque chose de bien construit à présenter à la rentrée.
Momignies : L’équipe de Momignies s’est à nouveau penchée en juin dernier sur les mécanismes inhérents au capitalisme, mais les Equipiers se sont aussi prêtés au jeu d’imaginer ce qu’ils pourraient mettre en place comme autre système économique. Une réflexion qui continue de faire son chemin.
Solidaroctiau : Beaucoup de visites de la commune pour le futur aménagement des locaux du 1er étage mais pas encore grand chose de fait … mon dieu que cela prend du temps…il nous en faut de la patience….mais le groupe ne se décourage pas malgré la perte soudaine d’un ami, Fabrice, décédé suite à une rupture d’anévrisme…à 32 ans. Fabrice rêvait d’un jardin partagé et de beaucoup d’autres choses…si le jardin existe plus tard, il portera son nom…en attendant les préparatifs de la fête du 16 septembre vont bon train, l’autorisation de fermer la rue est parti à la ville, le menu du jour va être riche, l’invitation sera bientôt prête; brocante, auberge espagnole, animation musicale, on vous réserve des surprises…
Save the date : dimanche 16 septembre à partir de 9h
Gozée et Jumet : Ce mercredi 20 juin, avec une météo estivale, le rendez-vous était fixé chez Louis pour le départ d’une balade nature à la découverte des plantes sauvages comestibles… C’est Jenny qui était notre guide nature du jour..
Plusieurs militants du groupe avaient fait un repérage préalable…bien utile…
Comme les deux groupes ont travaillé la même thématique, il était intéressant de partager un moment commun et de mettre en pratique ce que l’on a appris. Nous utilisons un document rédigé par Jenny qui reprend les variétés de plantes que nous sommes susceptibles de trouver sur le chemin. Nous avons répertoriée une bonne dizaine d’espèces lors de la balade; plantain, épiaire des bois, prèle, cidue, lierre terrestre, berce commune, néflier, oseille sauvage…L’après-midi s’est terminée par la dégustation de pâtisseries et d’une tasse de café sur la terrasse ,bien à l’ombre…. un tout grand merci à Louis et Marie-Thérèse Quertinmont pour leur chaleureux accueil. C’était très sympa aussi que deux groupes puissent se retrouver pour une activité commune… à refaire
Wanfercée-Baulet : Equipe élargie le 5 juin (20 personnes) : « L’eau et la terre , un voyage en Haïti », « De l’esclavage à la mondialisation », « De la terre nourricière qui se régénère au sol qui s’appauvrit ». Mettre l’homme au centre de la vie et la terre au service des humains. Le Tiers Monde ne s’en sortira jamais dans ce monde d’exploitation.
Echo de notre Assemblée régionale …
Samedi 2 juin. C’est sous un soleil retrouvé qu’une Assemblée régionale a élu domicile à la Ferme de Martinrou à Fleurus.
Le dernier Congrès a réaffirmé avec force la nécessité de cette Assemblée avec comme objectifs de rassembler un maximum de forces vives de la Régionale (Fédération), de faire rencontrer les groupes et projets, de se découvrir, rendre visible ce qui se fait et de pouvoir en parler. De permettre un débat politique sur la ou les priorités et les lignes de force de la région ; et de désigner le moment venu les membres de l’Equipe régionale (ce n’était pas le cas aujourd’hui).
Du beau monde nous a rejoint. Notre nouveau Président communautaire, Paul Blanjean, nous a accompagné tout au long de cette journée et Monique Van Dieren, du Centre communautaire.
Une joie immense que de découvrir deux nouveaux visages venus du groupe Solidaroctiau (Yoan et Dominique) et des JOC l’après-midi.
Un Plan de travail pour 2018–2019 nous est proposé : une vitrine s’ouvre. Un jeu de société dans le cadre de la sécurité sociale « Investissez dans les paradis sociaux », une Table d’Autres et la chasse au gaspi « Astuce Nature », des contes progressistes, aussi pour enfants. Un groupe jardin « Denrée et moi » à Dampremy. Du neuf tout cela, une ouverture vers d’autres publics.
Notre mouvement est bien vivant avec Gozée, Leernes, Jumet, Beaumont, Momignies, Wanfercée-Baulet. Groupes qui, chaque mois, sont soutenus et épaulés; pour découvrir en profondeur des réalités différentes les unes des autres et qui font le fondement de beaucoup de réflexions, de débats et de remises en cause de notre société. On voudrait également parler d’éducation parentale, éducation des parents …
Un deuxième temps fort de cette journée, c’est la découverte du document concernant l’indice de bien-être dans nos communes (concocté par la Région wallonne), dont une synthèse avait été réalisée par moi-même dans le journal « Equipons-Nous ! ».
Un petit rappel : équilibre économique, social, santé, éducation et compétences, niveau de vie, logement, emploi, mobilité pour tous, environnement, cadre de vie, utilisation du temps, gouvernance, épa-nouissement social et culturel, égalité des chances, équité de la justice, engagement civique et citoyenneté, équilibre person-nel, bien-être subjectif (spiritualité, philosophie et religion). Nous devions en choisir deux pour constituer le duo gagnant.
On découvre ensemble ce qui se cache derrière ces mots et là, c’est le gros débat, l’échange d’idées, l’incertitude, on ne comprend pas, ce n’est pas assez, on voudrait voir d’autres critères que ceux retenus.
Trois exemples :
Mobilité : avoir accès aux transports. Et nous, qu’aurions-nous voulu ?
Sentiment de bien-être : taux de suicides. Et nous, qu’aurions-nous voulu ?
Fonctionnement des institutions et gestions publiques : activation des emplois des CPAS, de l’Onem, attribution de logements publics ou subventionnés, ponts de crédits sociaux dans les emprunts hypothécaires, fréquentations des espaces publics et numériques. Et nous, qu’aurions-nous voulu ?
Notre constat, c’est un peu court. D’autres critères n’étaient-ils pas nécessaires pour aller à la rencontre des citoyens ?
Suite à ce débat, la salle réagit : « comment se fait-il que l’on ne vous connaît pas assez alors vous faites plein de choses ? »
Un rappel des lectures du mouvement et de la régionale est urgent à mettre en place (en débattre en groupe). Le pouvoir politique refuse le débat avec le citoyen (échange d’idées pour la société, la commune).
L’enquête permet de se rendre compte du rôle de la commune dans la vie de tous les jours (ex : fermeture des banques).
Le débat aurait pu se prolonger longtemps. Il y a une attente des gens, comment les amener au débat ?
Nous avons faim et le soleil brille ! Treize heures : les jeunes nous invitent à partager la Novlangue ; des mots sont distri-bués aux participants, on se regroupe par deux et on construit une idée et on la défend.
Une deuxième aventure : des phrases d’hommes importants ; comment les interpréter pour nous les comprendre ?
Une troisième aventure : un combat entre deux personnes choisies au hasard (volontaire) sur un 1er thème : l’Etat Israël et palestinien. Des mots à placer dans ce combat pour défendre sa cause.
2ème thème : l’avortement. Un exercice difficile mais joué avec brio par nos 4 cobayes ; et ils nous ont tenu en haleine et fait réfléchir. Une idée très riche et amusante.
En apothéose à cette journée : les jeunes nous ont fait l’aubade. Une guitare, des chansons, une voix suave nous a ravi, de belles mélodies que nous pouvions chanter avec eux.
Une très belle journée, variée, riche en découvertes : il y avait beaucoup de places vides dans la salle … Dommage … mais l’expérience est à refaire.
Amitiés à Bernard,
Georges
Que reste-t-il de mai 68 ?
Depuis quelques mois, une question me taraude l’esprit : comment se fait-il qu’un gouvernement (Macron ou Michel) jette à l’eau ce qui a fait la fierté des anciens, la richesse de l’économie ?
Alors que cela a, entre autre, permis à des millions de citoyens de vivre en harmonie, en coexistence, avec le monde des entreprises. Avoir plus d’argent, plus de social, plus de prospérité, de qualité de vie. Soudain, tout cela est remis en cause : chômage, carrière, pension, santé, éducation.
Pourquoi aujourd’hui est-ce la crise, est-ce mai 68, est-ce le néolibéralisme ? Beaucoup de questionnements et peut-être aussi les vôtres …
Mai 68, l’élan est donné pour une lutte prolongée, encore faut-il comprendre notre société en 68. Jean Vogel, maître de conférence à l’Université Libre de Bruxelles, nous aide à la réflexion dans un article publié dans En Marche : « que reste-t-il de mai 68 ? ».
Dans les années 60, la société occidentale apparaît comme une société bien huilée : on vit la fin du rêve, mais on ne le sait pas encore.
Les Trente Glorieuses : élévation progressive et ininterrompue du niveau de vie, peu de conflits sociaux. En Belgique, hiver 60–61, grève générale (loi unique) : pas de grands affrontements entre travail et capitalisme. Parce qu’on manifeste plutôt contre la guerre du Vietnam.
Le philosophe Raymond Aron défend l’idée « une convergence des sociétés industrielles dans la prospérité ». On ne comprend pas dès lors la révolte de Mai 68. Contestations étudiantes en France, grève des ouvriers. Tout est bon pour le débat (clochards, personnes malades mentalement). Tout ce monde s’exprime de façon parfois irrationnelle. Cela interpelle !
Un deuxième aspect : les gens se mettent à parler (entre eux), ce qui n’existait plus dans les grandes villes. En Belgique, le mouvement s’est cantonné à l’université et à quelques hautes écoles.
A partir de 69 : des usines ont connu durant quatre ans une vague de grèves spontanées menée sans l’aval des syndicats, même contre leur volonté. Des travailleurs étrangers, des jeunes ouvriers ont mené ces protestations avec un esprit d’auto-organisation de revendications égalitaires. Objectif : changer l’organisation des aspects du travail comme la hiérarchie des salaire par exemple.
En Flandre : grève des mineurs du Limbourg en janvier-février 70, grève des dockers à Anvers et Gand en 73. A Bruxelles : Citroën, Michelin. En Wallonie : nous avons vécu la situation de loin. C’était déjà la désindustrialisation.
En Belgique en 67–68, le mouvement étudiant : séparation de l’université de Leuven, création de l’UCL. Chute du gouvernement conservateur, retour des socialistes au pouvoir. Ces socialistes proposent un programme réformiste de reprise d’interventions publiques dans l’économie. Un bouillonnement culturel et moral pour les universités, les lycées et les structures artistiques. On situe à ce moment le basculement de la Belgique vers un Etat fédéral. On voit ainsi naître dans le monde chrétien et socialiste une nouvelle génération d’hommes politiques acquis au fédéralisme.
Les étudiants de Leuven : wallons buiten … Et l’aile plus à gauche : bourgeois buiten. Cette aile voulait transformer le caractère élitiste de l’université (d’où l’origine des maisons médicales).
Aujourd’hui, on nous parle de plus en plus de l’individualisme qui serait né en 68. A droite, parfois à gauche, on associe le « Mai 68 » au chacun pour soi, à la culture de l’hédonisme (doctrine morale qui fait du plaisir le principe ou le but de la vie, de la jouissance sans entraves, du refus de règles y compris celles de la sociabilité élémentaire).
Cela semble déconnecté du processus historique mais l’individualisme (chacun pour soi) est né en 80 avec le passage à la période néolibérale sur les plans économiques et politiques.
Certains, qui avaient fait mai 68, changeaient complètement : ce n’est pas qu’ils se rangeaient, qu’ils cherchaient à se faire de l’argent. Leur vision du monde se modifiait. La réussite était valorisée, tant pis pour les losers.
Le libéralisme a récupéré ce thème de 68 : « profite de l’instant, pourquoi attendre demain si on peut jouir aujourd’hui ? » Une culture du présentisme, de l’instant mais mise au service d’une vision de la société totalement contraire à celle de 68 qu’elle était : fraternelle et solidaire.
Mai 68 laisse en héritage une méfiance par rapport à l’autorité et l’autoritarisme. Aujourd’hui, on dirait « c’est comme ça parce que j’ai tel âge, telle fonction, tel titre ». Ca ne passe plus. On remet en cause les hiérarchies sociales : de génération en génération, ce n’est pas un gage de légitimité.
On nous dira : « de quel droit avez-vous ces privilèges ? » On entend cela et ce n’est pas seulement des personnes marginales ou dangereusement subversives. C’est également vrai pour la classe politique.
D’autres choses négatives sont apparues : la création télévisuelle et médiatique de personnalités. Macron : on rend une image dont les gens peuvent être dupes. Mais cela n’équivaut pas un ensemble de rapports sociaux figés et immuables. Il y a rupture avec la pensée de 68 : le rapport aux politiques a changé, ils n’ont plus toutes les clés dans le discours soixante huitard. Méfiance vis-à-vis du communisme de l’Union Soviétique, on cherche d’autres idéologies (Trotskisme, Maoïsme …)
Aujourd’hui, on considère les grands discours comme piégeant. On trouve davantage dans l’idée d’un changement de société par tâtonnements, par essais-erreurs.
Le capitalisme mondialisé se trouve dans une série d’impasses qui s’aggravent. On perçoit une volonté d’un changement radical de la société, de la fonction de l’économie jointe à une prise de conscience environnementale. Mais les gens ont du mal à imaginer concrètement la forme que prendrait ce changement. On arrive à décrire ce qu’on ne veut plus sans pouvoir esquisser par quoi remplacer.
Voilà, le décor est planté. Suis-je rassuré pour autant ? Une réalité s’impose à mes yeux, continuons à débattre dans nos groupes, tissons des liens, pesons le poids de l’hier et de l’aujourd’hui. Où sont nos priorités de vie dans la société ? Pourquoi exploite-t-on ceux qui ne s’en sortent que très difficilement ? Pourquoi la société ne prend-elle pas ses responsabilités et les renvoie-t-elle sur les citoyens en difficultés ?
Dans toute cette réflexion, quel rôle jouera les techniques de la communication ? Y aura-t-il plus de débats, de solidarité pour une autre société ? La communication, le partage des idées sur les besoins de la société seront-ils d’actualité ? Rêvons que tout est possible dans le respect de l’autre. Une société se construit avec les individus.
Amitiés,
Georges
Source : journal En Marche du 18 mai 2018 (entretien de Mathieu Stassart)
Religions et spiritualité …
Pourrait-on imaginer que le cléricalisme religieux dont on a, à juste titre, dénoncé les abus est en train de céder le pas au cléricalisme scientifique ?
C’est en tout cas l’avis de pas mal de personnalités, dont Jean-Marie Pelt (il a été professeur de biologie et de pharmacologie à l’Université de Metz et président de l’Institut européen d’écologie).
Dans son essai « Nature et spiritualité », il écrit : « comme un clerc, le professeur d’université était, jusqu’il y a peu, titulaire de sa chaire. Et lorsqu’il la quitte, il devient « émérite » comme un évêque ». « La science, religion sans ciel a ses saints : les Nobel, ses martyrs tels Galilée et les Curie, ses lieux de culte : les laboratoires, ses célébrations collectives : les congrès scientifiques internationaux ». « La science a même une église : l’Union rationaliste et un dogme : le progrès. Le ciel, c’est l’Académie, le purgatoire c’est là qu’on relègue les scientifiques mal pensants, ceux qui osent s’opposer aux OGM ».
Bref, Jean-Marie Pelt nous dit que la religion n’est pas morte, elle perdure, mais sous une autre forme, elle a pour nom la science. D’autres personnalités telles Frédéric Lenoir (philosophe), Edgar Morin (anthropologue, directeur au CNRS) marquent leur approbation à cette idée.
Nous voilà prévenus et j’ai envie de dire que j’en suis de plus en plus convaincu. D’une part, quand on voit la place que prennent les « découvertes » ainsi que les recherches en cours pour toujours privilégier l’intelligence artificielle, tant est « fragile » la conscience humaine. Selon ces prophètes ex-science, seul le progrès permettra à l’humanité de s’épanouir …
Franchement, je n’ai pas envie que mes petits-enfants deviennent les esclaves de robots dont l’intelligence sera programmée pour nous dominer encore un peu mieux, de quoi donner de nouvelles ailes au sacro-saint capitalisme …
J’ai eu l’occasion de rencontrer une jeune future diplômée en médecine lors d’une retraite spirituelle ; elle nous a dit être scandalisée de ce climat de scientisme qui règne dans les facultés universitaires. Au point que le crainte de ce contexte a été à l’origine de la retraite qu’elle-même faisait, afin a-t-elle dit de retrouver la sérénité et la capacité à donner un sens éthique à ma future carrière.
J’avoue avoir beaucoup de mal à accepter que toutes nos questions quant au sens de la vie soient mises en veilleuse par une science omniprésente, mais surtout qui occupe une bien trop grande place dans l’espace public.
Soyons vigilants, et surtout, n’ayons pas peur d’ouvrir notre esprit à la philosophie, la spiritualité : c’est plus qu’une question de Foi, c’est tout simplement une question d’humanisme.
Bernard
L’eau …
L’eau coule, s’écoule, traverse, nettoie nos peaux, nos plats, nos « loques ». C’est devenu naturel … Pas si sûr !
En moyenne, 119 L/j s’écoule pour le belge, 380 L pour les américains, 20 L pour les africains, soit 30 L de moins que le minimum décent selon l’OMS (Organisation Mondiale de la santé).
En Belgique, un ménage sur six est en difficulté face aux factures d’eau. Depuis les dinosaures, la quantité d’eau disponible est constante. Mais la pollution et son inégale répartition créerait un problème majeur. Qui sont ces buveurs d’or bleu ? Les ménages, l’industrie y compris l’hydroélectricité et l’agriculture : 93% de la consommation mondiale.
Le changement climatique et l’exploitation agricole intensif ne vont pas améliorer les choses. Des exemples inquiétants : la mer intérieure de l’Asie centrale (Mer d’Aral). 4e lac en taille en 1960 est asséché. En cause : gestion irrationnelle et imbroglio politique dans cette zone de l’ex Union Soviétique. Cultures de coton, centrale hydroélectrique et barrages pompent les ressources en excès.
Colorado : le fleuve issu des montages Rocheuses, Etats-Unis : coule du Golf de Californie (Mexique), barrages et canaux qui le dé-tournent. Il s’épuise parce que : soutenir l’irrigation intensive de l’ouest américain, l’éco système du Delta disparaît au profit des exploitations maraîchères mais aussi de piscines en nombre dans une Californie pourtant en climat semi-désertique.
Le Nil : le plus long fleuve du monde concerne 10 états : Kenya, Egypte, Soudan, Ethiopie … La mise en valeur des ressources du Nil se multiplie dans les pays riverains.
L’Egypte dépend des décisions en amont (conflit avec les riverains). Les nappes aquifères syrienne mobilisée de manière excessive : le nombre de puits est passé de 135.000 en 1999 à 230.000 en 2010. La surexploitation a miné les bases économiques du monde rural. Ce n’est pas sans lien avec les guerres au Moyen Orient.
Partager l’eau, c’est activer les solidarités, l’eau est un bien commun (certains ne voudraient-ils pas la privatiser ?) Des actions à mener : la réutilisation des eaux usées à des fins agricoles ou communales ? La désalinisation de l’eau de mer mais cela a un coût. Il faut arrêter de détruire les dernières zones humides du monde. On ne peut arrêter l’urbanisation du territoire sans artificialisation.
Protéger nos zones humides, cela sera sexy pour le bien commun. Nous parlons ici des étangs, mares, mais qui permettent de tamponner en cas d’inondations de filtrer l’eau, comme des stations d’épuration naturelle et constituer des réservoirs de biodiversité incroyable.
Faisons confiance en la nature et faisons en sorte qu’elle nous dicte nos stratégies d’aménagement. C’est ce que nous disent Frédéric Lassere et Alexandre Brun, géographes montpelliérains.
Georges
Source : En Marche du 18 mai 2018