Fracture numérique ? et toi, et moi dans tout ça ?
Un monde qui nous échappe…
Le monde numérique a révolutionné nos vies, facilitant de nombreuses tâches au quotidien. De nos courses en ligne à notre travail à distance, les technologies semblent être partout, offrant des solutions rapides et efficaces. Mais cette évolution rapide a aussi ses dérives, et l’une des plus grandes préoccupations est la fracture numérique, qui touche de plus en plus de personnes.
La fracture numérique désigne l’écart qui se creuse entre ceux qui ont accès aux outils numériques, à internet et à la formation nécessaire pour les utiliser, et ceux qui en sont privés. Cette situation génère de grandes inégalités, car de plus en plus de services, d’informations et de démarches sont exclusivement accessibles en ligne. Que ce soit pour postuler un emploi, consulter un médecin, ou même effectuer des démarches administratives, l’absence de compétences numériques ou d’un simple accès à internet devient un véritable obstacle.
Mais cette fracture n’est pas simplement une question d’accès à la technologie. Elle révèle des dérives qui fragilisent les personnes déjà en difficulté. Par exemple, de nombreuses administrations, entreprises ou institutions ne prennent plus en compte les personnes qui ne sont pas à l’aise avec le numérique. Des services en ligne deviennent des conditions sine qua non pour obtenir des aides, des droits ou des informations essentielles. Les personnes âgées, les habitants des zones rurales ou encore les personnes précaires se retrouvent souvent exclues du système, incapables de suivre le rythme imposé par la numérisation croissante.
Ce problème est d’autant plus grave que les inégalités numériques touchent souvent les populations les plus vulnérables. Ces personnes se retrouvent souvent isolées, car le numérique, au lieu de les connecter, les isole encore davantage. Le manque de moyens pour se procurer un ordinateur, une tablette ou même une simple connexion internet, les empêche de participer pleinement à la société. Ce phénomène contribue à une marginalisation sociale et à un renforcement des inégalités économiques.
De plus, ces dérives vont au-delà de l’accès aux outils. Il y a aussi la question de la sécurité et de la protection des données personnelles. Les personnes qui ne maîtrisent pas bien les outils numériques sont également plus vulnérables face aux arnaques en ligne, aux vols de données, ou aux cyberattaques. Cette précarité numérique expose des individus déjà fragilisés à de nouveaux risques.
Alors, comment lutter contre ces dérives ? Il est essentiel de mettre en place des politiques publiques qui favorisent l’inclusion numérique. Cela passe par l’accès à une formation pour tous, l’extension de l’accès à internet dans les zones rurales ou moins desservies, et la création de solutions adaptées pour les personnes en difficulté. Mais il est aussi crucial de ne pas oublier ceux qui ne sont pas encore en mesure de s’adapter au numérique. L’enjeu est de parvenir à un équilibre où la technologie sert de levier pour améliorer la vie de tous, sans laisser personne de côté, le tout en étant conscient que si souvent le numérique peut simplifier notre quotidien, il a un impact écologique important. La production d’appareils électroniques génère des déchets et consomme beaucoup de ressources naturelles. De plus, l’usage intensif d’internet et des serveurs nécessite une grande quantité d’énergie, souvent produite à partir de sources polluantes. Il est donc crucial de repenser notre consommation numérique pour réduire son empreinte écologique.
La vitesse a laquelle l’intelligence artificielle se développe, est aussi un questionnement que nous traiterons à l’avenir dans notre mouvement, un des prochains numéros de notre revue « Contrastes » y sera consacré.
L’intelligence artificielle se développe à une vitesse incroyable, surpassant souvent les attentes des experts. Les progrès en apprentissage automatique et en traitement des données permettent des innovations rapides dans de nombreux secteurs. Cette évolution pose des vraies questions en termes de manipulation de l’opinion publique, perte du libre arbitre et de l’esprit critique si cher à notre mouvement, mais aussi au niveau du désastre écologique qu’il va engendrer.
En conclusion, les dérives du monde numérique, si elles ne sont pas prises en compte, risquent d’accentuer les inégalités existantes et de fragiliser encore davantage le public que nous accompagnons et qui se trouvent déjà en situation de précarité, d’isolement et d’invisibilité.
S’ajoute a cela, nos craintes de voir l’hypocrisie politique s’accentuer en matière d’écologie.
Il est de notre responsabilité collective de veiller à ce que le progrès numérique soit synonyme d’inclusion, et non d’exclusion. Avec les Equipes populaires, il nous semble essentiel de contribuer a dénoncer ce modèle de société en continuant d’interpeller nos politiques sur ces enjeux.
Dominique Verhaeren, coordinatrice régionale