Alcool et jeunes : Opération séduction ( Contrastes Août 2013)
Quand les jeunes font le buzz
Les festivals d’été mettent la clé sous le paillasson pour un an. De plus en plus prisés par un nombre grandissant de jeunes, ils représentent des lieux de socialisation et de franche rigolade où l’alcool désinhibe nombre d’entre eux et les libère de la pression sociale, familiale, scolaire.
Mais l’alcool est partout, pas seulement dans les sacs à dos des jeunes mais aussi dans le frigo de la plupart des familles.
Ne stigmatisons pas les jeunes, leur consommation d’alcool est globalement contrôlée (90% n’ont pas de problème d’alcool) et n’augmente pas de manière significative.
Ce qui inquiète davantage, c’est l’évolution de l’âge et des habitudes de consommation. De plus en plus jeune et de plus en plus vite : ce sont les deux grandes tendances observées qui posent un réel problème en termes de santé publique : des risques d’assuétudes accrus et des dégâts plus importants sur les neurones.
Mais qu’est-ce qui pousse donc les jeunes à consommer de l’alcool en toutes circonstances, y compris sur les terrains de sport ou à la sortie de l’école ?
Le dossier met clairement en évidence que ce sont les stratégies publicitaires des fabricants d’alcool qui ont une influence, davantage que le contexte familial ou la personnalité des jeunes.
Leur stratégie de banalisation et de sur-valorisation de l’alcool est payante, puisque ce sont de plus en plus souvent les jeunes eux-mêmes qui véhiculent la publicité par toute une série de moyens allant de la distribution de gadgets en passant par Facebook ou l’organisation de soirées événements.
Particulièrement dans le domaine de l’alcool, l’actuel système d’autorégulation du secteur publicitaire montre une fois encore toutes ses limites puisque c’est le JEP qui est juge et partie dans le contrôle des pratiques publicitaires.
A terme, comme c’est déjà le cas pour le tabac, ce serait l’interdiction pure et simple de la publicité pour l’alcool qu’il faudrait obtenir.
Cela peut paraître relever du bon sens, mais les intérêts économiques en jeu sont gigantesques et le combat n’est pas gagné…
Dans ce dossier, nous faisons le tour de l’évolution des modes de consommation d’alcool chez les jeunes et des stratégies publicitaires qui font mouche. Nous donnons également la parole à un membre des Alcooliques Anonymes, qui fêtent leur 60ème anniversaire dans quelques jours.
Sommaire
Auteurs : Monique Van Dieren, Jean-Michel Charlier, Christine Steinbach, Claudia Benedetto, Morgane Caminiti et Caroline Sauveur (Crioc)
p3 Pourvu qu’on ait l’ivresse…
Les jeunes consomment de l’alcool. Ce n’est pas nouveau. Ce qui inquiète les observateurs, c’est la tendance plus récente à boire plus, plus vite et plus jeune. A rechercher l’ivresse à tout prix dans les lieux festifs et même sportifs. Effets garantis sur la santé et la scolarité…
p6 Une drogue socialement valorisée
En matière d’alcool, trois tendances s’observent : davantage de femmes, davantage de jeunes et davantage de comportements à risques. Faut-il y voir une plus grande fragilité psychologique ? Ou bien le résultat de pratiques de marketing qui visent en particulier les jeunes et les femmes ?
p9 Alcoolique abstinent… et heureux de l’être !
Nous l’appellerons Guy. Accro dès l’âge de vingt ans, il préfère -et il doit- garder l’anonymat puisqu’il est membre actif des Alcooliques anonymes. Il parle peu des raisons qui l’ont amené à devenir alcoolique (il ne les connaît pas vraiment lui-même d’ailleurs), mais explique comment les AA l’accompagnent dans sa démarche d’abstinence ainsi que le travail d’information qu’il effectue notamment dans les écoles. Un cheminement qui a complètement transformé sa vie…
p13 Pub, alcool and Rock’n roll
Les jeunes sont les cibles des stratégies publicitaires. Une belle villa, une piscine, un « top model » dansant lascivement. Un barman qui prépare soigneusement un cocktail au rythme de la “mojito song”. Images idylliques et dangereuses à la fois, qui s’adressent de plus en plus aux jeunes. Les publicitaires ne reculent devant aucun sacrifice pour les séduire…
p17 Une nouvelle législation en chantier
Alors qu’en matière de tabagisme, la législation est relativement avancée, claire et presque respectée, c’est tout l’inverse en matière d’alcool, tant en ce qui concerne la vente que la publicité pour l’alcool. Le nouveau Plan Alcool proposé par les ministres de la Santé devrait permettre de clarifier et compléter la législation actuelle. Il est actuellement soumis à la consultation des acteurs de terrain.
p19 Quelques propositions du plan alcool 2014–2018
Prix au n°
Prix au n° : 2 €
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