Réinventer le sens du travail ? (Contrastes, juin 2017)
Edito
Le sens du travail est-il toujours celui du progrès social ?
Faut-il réinventer le sens du travail ? C’était le thème de la Journée d’étude que les Equipes Populaires ont organisée en mars dernier. Celui-ci connaît en effet des bouleversements importants, dont les causes sont multiples et les conséquences de grande ampleur. Nous sommes inquiets face à ces robots ou ces ordinateurs qui vont travailler et penser à notre place, face à cette économie collaborative qui nous ubérise, face au mal-être au travail qui nous dévore, face à l’exclusion grandissante des personnes privées d’emploi.
L’emprise de l’idéologie néolibérale et le développement de l’économie capitaliste de plateforme amènent de plus en plus de personnes à travailler sous statut indépendant, à devoir se contenter de revenus précaires et sans protection sociale au sens « salarial » du terme. Ces entreprises pratiquent le dumping social et tirent l’ensemble des salaires vers le bas.
Par ailleurs, quel que soit leur statut, les travailleurs sont de plus soumis à une pression sournoise du management, qui fonctionne à la manière d’un rouleau compresseur poussé par les exigences de rentabilité de plus en plus importante des actionnaires. Les cas de burn-out explosent depuis quelques années. A contrario, la crise de sens du travail saute encore plus aux yeux lorsqu’on exerce un métier perçu comme inutile ou contraire à ses propres valeurs. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui les bullshit jobs.
La robotisation et plus récemment la numérisation questionnent également le contenu et le sens du travail et bien au-delà, modifient profondément notre quotidien. Tantôt pour le meilleur, tantôt pour le pire. Cette question étant vaste, nous ne l’approfondirons pas dans ce numéro de Contrastes mais elle fera l’objet de notre prochain numéro.
La raréfaction de l’emploi, dont la robotisation n’est sans doute qu’un élément, pose quant à elle la question de l’absurdité des politiques d’activation pour ceux qui sont exclus du marché du travail. Comment avoir une vie qui fait sens lorsque c’est exclusivement le travail rémunéré qui est reconnu et qui assure une sécurité d’existence, se demande Thierry Müller, du collectif Riposte ?
Pour Laurence Blésin, directrice de la FEC, interviewée dans ce numéro, notre société reste malgré tout entièrement axée sur la valeur travail. Il peut rester structurant à certaines conditions, dont celles d’une réduction collective du temps de travail et d’un changement de rapport de force entre le capital et le travail. De vastes chantiers, dont les syndicats doivent rester voire redevenir les premiers maîtres d’ouvrage.
Sommaire
p2– Edito. Le sens du travail est-il celui du progrès social ?
Le travail connaît des bouleversements importants, dont les causes sont multiples et les conséquences de grande ampleur : des robots ou ces ordinateurs qui vont travailler et penser à notre place, une économie collaborative qui nous ubérise, un mal-être au travail qui nous dévore, une exclusion grandissante des personnes privées d’emploi.
p3– Marché du travail. L’emploi sous pression
L’emploi et le travail connaissent des évolutions qui semblent si profondes et si rapides, qu’elles nous amènent à remettre en question notre rapport au travail. Pour le meilleur comme pour le pire.
p6– Burn-out. Le symptôme d’un système économique malade
Les plaintes liées au stress ont augmenté de 30 % entre 2013 et 2015.Le risque de burn-out, et donc d’absences de longue durée, guette toutes les personnes concernées. Amélie témoigne.
p9– Interview. Le travail reste porteur d’un projet de société
Pour Laurence Blésin, directrice de la FEC (Formation Education Culture), le travail reste un enjeu central dans la construction d’un projet porteur d’avenir porteur de bien-être individuel et collectif. Etce, malgré les bouleversements du marché de l’emploi.
p12– Economie collaborative. Les mots menteurs de
l’économie de partage
S’il y a bien un concept fourre-tout et trompeur, c’est bien celui d’économie collaborative. Une nouvelle forme « d’économie capitaliste de plateforme » est en pleine expansion, augurant un bouleversement important du marché du travail et du rapport à l’emploi.
p17– Activation. L’absurdité crève l’écran
Le stéréotype du « chômeur profiteur » semble profondément installé dans nos sociétés. Pour Th. Müller, du collectif Ripostes, les politiques d’activation des « demandeurs d’emploi » reposent sur une vision très critiquable de ce que sont le travail, la valeur et la sécurité sociale.
Zoom sur un film et un reportage.
PRIX AU N° :
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