ENERGIE : LA SURCHAUFFE ( Contrastes janvier- février 2022)
Cette énergie qui nous est chère
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La flambée des prix de l’énergie est devenue à juste titre la grande inquiétude des ménages belges. Face à un discours « rassuriste » du gouvernement qui laisse à penser que celle-ci sera compensée par une prochaine augmentation de l’index, les associations de défense des consommateurs et de lutte contre la pauvreté ne sont pas dupes. Pour de nombreux ménages, et pas seulement les plus précaires, cette flambée des prix créera durablement un déséquilibre important dans leur budget.
Beaucoup d’entre nous s’interrogent sur les causes de cette soudaine flambée. Les deux réponses les plus compréhensibles sont celles de l’augmentation forte de la demande suite à la reprise économique post Covid et les tensions géopolitiques avec la Russie, grosse productrice de gaz. Hélas, c’est plus compliqué que cela car d’autres mécanismes de régulation… et de dérégulation entrent en ligne de compte. Le premier article tente de l’expliquer.
Face à cette hausse brutale, les consommateurs sont en plein désarroi. Les pratiques abusives des fournisseurs se généralisent, les factures de régularisation sont problématiques, l’accès aux mesures sociales est très difficile. Quels sont les problèmes très concrets rencontrés par les consommateurs ? Le rapport de force entre les fournisseurs et les consommateurs est clairement en défaveur de ces derniers (voir page 8).
Quelles sont les solutions possibles, sachant que celles-ci doivent aussi se réfléchir en ayant dans le viseur la transition énergétique vers un autre modèle de société, où la croissance économique n’est plus synonyme de progrès ? De nombreuses pistes sont évoquées dans le présent dossier. La première est celle de sortir de la libéralisation du marché car, comme le montre l’article en page 10, celle-ci a clairement montré ses limites et ses dangers.
Par ailleurs, les mesures prises par le gouvernement fédéral sont loin d’être suffisantes et adaptées. En fin de dossier, vous trouverez la position commune de quatre associations actives dans la lutte contre la précarité énergétique par rapport à ces décisions. Elles formulent également deux autres propositions pour les rendre plus équitables : élargir davantage l’application du tarif social, et faire contribuer les producteurs d’énergie en limitant les énormes profits qu’ils engrangent grâce à cette hausse des prix. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Grégoire Wallenborn nous suggère d’autres pistes aussi ambitieuses que celle de l’abandon de la libéralisation pour aller vers une transition énergétique juste. Par exemple une implication forte des collectivités dans les décisions qui concernent la production et la consommation d’énergie, un système de quota non échangeable attribué à chaque citoyen, ou encore l’instauration d’une « sécurité sociale de l’énergie ». Des propositions assez décoiffantes qui pourront nourrir les débats et les propositions au sein et entre les associations qui cherchent à articuler justice sociale et lutte contre le dérèglement climatique.
Monique Van Dieren