Le pouvoir occulte des lobbies ( Contrastes Juin 2014)
Les lobbies à l’assaut de l’Europe
De par la présence des institutions européennes, Bruxelles est la plaque tournante d’une activité licite mais opaque : le lobbying. De quoi s’agit-il en réalité ?
D’une médaille à deux faces bien différentes. D’une part, celle qui consiste à défendre ses idées, ses convictions auprès des représentants politiques belges et européens.
L’autre face, c’est celle qui consiste à les influencer, voire les manipuler par tous les moyens (y compris douteux) pour défendre de puissants intérêts financiers et/ou corporatistes.
Nous songeons par exemple à l’industrie du tabac ou de l’alcool qui, malgré un impact nocif sur la santé publique, parvient à faire pression pour empêcher une règlementation trop stricte qui nuit au développement de leur business. Comme l’explique
Arnaud Zacharie dans l’interview qu’il nous a accordée, le lobbying n’est pas nécessairement à bannir.
Les mandataires politiques ne sont pas des spécialistes et lorsqu’il s’agit d’instruire un dossier pour faire une proposition de loi sur un sujet pointu, ils ont besoin d’informations parfois complexes pour être capables de voter en connaissance de cause. C’est là que le lobbying peut être utile.
D’ailleurs les ONG en font aussi à leur manière mais avec des barrières déontologiques qu’ils ne franchissent pas et des moyens beaucoup plus limités ! Mais là où le bât blesse, c’est le peu de règlementation de la profession.
Les limites sont parfois floues entre information, manipulation et mensonge. Et leurs techniques de persuasion sont de plus en plus perfectionnés et insidieuses.
Après avoir brossé un portrait rapide des lobbyistes et de leur influence, le dossier jette un coup de zoom sur trois secteurs fortement influencés par les décisions européennes : la consommation -et en particulier l’industrie du tabac-, le secteur financier et l’emploi.
Face aux puissants lobbys patronaux, ce dernier article montre en quoi les syndicats sont tiraillés entre la stratégie du lobbying et celle de la concertation sociale.
La société civile parvient-elle à se faire entendre et à convaincre que l’intérêt général prime sur les intérêts des grandes puissances financières ?
Le combat est inégal mais un peu plus de transparence et de règlementation de ce secteur contribueraient sans doute à rendre les décideurs politiques plus lucides face aux manipulations dont ils font parfois l’objet…
Sommaire
p 3 CEUX QUI MURMURENT à L’OREILLE DES POLITIQUES
Par Claudia Benedetto
Bruxelles est un paradis pour les lobbyistes. Depuis la création de la Communauté Européenne, des milliers de lobbyistes ont trouvé le chemin de notre capitale. Ils ont tous le même objectif : influencer les décisions politiques. A tous les niveaux et sous différentes formes. Combien sont-ils et comment travaillent-ils ? Une grande opacité règne autour de leur activité.
p 6 LOBBY DES PRODUCTEURS DE TABAC : PAS DE FUMEE SANS FEU !
Par Pieter-Jan De Koning
Le lobbying est cependant plus présent et plus intensif dans certains secteurs que dans d’autres. Plus il y a d’argent qui circule dans un secteur, plus les intérêts sont importants. Et plus les intérêts sont importants, plus le lobbying gagne en intensité. C’est notamment le cas de l’industrie du tabac.
p 9 INTERVIEW : ARNAUD ZACHARIE. LES ONG AU COEUR DE LA TOILE D’INFLUENCE
Par Muriel Vanderborght, Claudia Benedetto
Le lobby des multinationales et autres sociétés privées est bien connu de tous. Mais il existe aussi un contre-pouvoir, celui des mouvements sociaux et des ONG qui utilisent la carte du lobbying pour défendre l’intérêt général. Arnaud Zacharie, secrétaire général du Centre national de la coopération au développement, nous parle de ce jeu d’influence.
p 13 CONFEDERATION EUROPEENNE DES SYNDICATS (CES) : QUELLE INFLUENCE DANS Les DOSSIERS EUROPEENS ?
Par Olivier Derruine
En matière de législation sociale et de droit du travail, les syndicats ont une place importante a u sein des processus de concer tation sociale, du moins en Belgique et dans certains des Etats membres de l’Union. Au niveau européen par contre, le modèle que nous connaissons chez nous ne fonctionne pas de manière identique. La CES n’y ayant pas une place légitime de partenaire social, elle doit apprendre à pratiquer une certaine forme de lobbying. Un travail auquel certains syndicalistes ne sont pas encore vraiment aguerris…
p 16 BANQUES ET FINANCES : LE CHARME DISCRET DES LOBBYISTES
Par Muriel Vanderborght
La régulation du secteur bancaire, tout le monde y pense… et pourtant peu de choses bougent ! Pourquoi ? Peut-être parce que certains lobbies s’y opposent farouchement et s’arment de moyens humains et financiers conséquents pour parvenir à leurs fins. Car dans ce domaine aussi, les couloirs du parlement européen se remplissent chaque jour d’individus pour lesquels l’intérêt général n’est pas vraiment une priorité.
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