L’Europe sous tension (Contrastes, février 2019)
L’Europe, ça sert à quoi ?, s’interroge le premier article de ce dossier. A améliorer notre quotidien, diront certains. A maintenir la paix ou à avoir notre place dans une économie mondialisée et de plus en plus concurrentielle, diront d’autres. A nous pourrir la vie, selon d’autres encore. Et parfois, on a un peu l’impression qu’il y a un peu de tout cela… à la fois. Difficile de se faire une opinion tranchée sur le rôle et l’intérêt de l’Europe, tant ceux-ci sont divergents, et tant la ligne de fracture traditionnelle entre la gauche et la droite est bouleversée. Au point que des alliances toxiques peuvent se constituer entre des populistes anti-européens pur jus que tout pouvait opposer en apparence, comme en Italie.
Le camp des pro-européens fédéralistes convaincus est principalement composé de néolibéraux qui trouvent leur bonheur dans une Europe de la libre concurrence. Les anti-européens se retrouvent principalement dans les partis d’extrême droite nationalistes. Entre ces deux extrêmes, on peut encore distinguer deux tendances, comme l’explique Hubert Védrine dans une interview accordée au Vif (13/02/19). D’une part, des partis ou des gouvernements de centre-gauche et de centre-droit qui sont en faveur d’une fédération d’Etats-Nations et pour qui le multilatéralisme est la seule voie possible pour tirer l’Europe vers le haut. Et d’autre part, les eurosceptiques qui, sans y être totalement hostiles, ne se reconnaissent plus dans ce modèle européen, sont déçus par les promesses d’une Europe sociale, ou y sont devenus allergiques à cause des excès de réglementations. Pour lui, l’avenir de l’Europe dépend de cette masse de gens qui ne sont ni anti ni pro-européens à outrance.
Malgré toutes les critiques justifiées sur le fonctionnement d’institutions davantage soucieuses de compétitivité économique que de bien-être des citoyens, peu de partis politiques ou de mouvements sociaux vont jusqu’à affirmer qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain, à part les populistes qui utilisent l’argument de la « crise migratoire » pour se replier derrière leur drapeau nationaliste. Une question traverse – voire divise – la gauche et va sans doute se cristalliser à l’approche des élections : comment dénoncer l’Europe néolibérale sans pour autant faire le lit de l’extrême droite ?
Dans l’interview qu’il nous a accordée, Arnaud Zacharie en appelle à l’urgence de constituer une force politique progressiste et multilatéraliste pour ne pas avoir à choisir entre le néolibéralisme et le national-populisme.
Sommaire
p2– Edito. Une mosaïque d’intérêts divergents
Malgré toutes les critiques justifiées sur le fonctionnement des institutions
européennes, une question traverse – voire divise – la gauche et va sans
doute se cristalliser à l’approche des élections : comment dénoncer l’Europe
néolibérale sans pour autant faire le lit de l’extrême droite ?
p3– L’Europe au quotidien. L’Europe, ça sert à quoi ?
Le rôle de l’UE et ses champs d’action restent flous dans la tête des citoyens.
Mis à part l’argument souvent avancé – et non des moindres – du maintien
de la paix, que nous apporte l’Union européenne de positif dans notre vie quotidienne ?
p6 – Populisme et migration. La tache brune s’agrandit
La conclusion d’une étude menée en novembre 2018 par le journal britannique The Guardian sur le populisme en Europe était sans appel. En 2018, un Européen sur quatre (25%) vote pour un parti populiste. Vingt ans plus tôt, ils n’étaient que 7%.
p9 – Interview. L’Europe doit redevenir une force d’attraction
Pour Arnaud Zacharie, l’avenir de l’Europe ne se limite pas à un choix entre
le néolibéralisme et le national-populisme. Il n’y a pas encore de force politique homogène pour défendre un projet de transition écologique et sociale, mais il y a de l’espace pour une Europe ouverte et multilatérale, malgré des lignes de fractures mal cicatrisées.
p14 – Perspectives. Un « Plan Marshall » européen pour le climat
Le Pacte Finance-Climat est une initiative séduisante lancée par un collectif à l’échelle européenne. Ses deux axes principaux : mettre la création monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE) au service de la lutte contre le dérèglement climatique et contre le chômage, et créer en parallèle un impôt européen sur les bénéfices.
p16 – Nouveaux mouvements. Ultra critiques mais ultra Européens
Les derniers mois, plusieurs initiatives progressistes pro-européennes ont vu
le jour. Des mouvements ou collectifs en appellent à refonder l’Union européenne par la justice sociale et la démocratisation. Vu l’actualité politique, ce positionnement ne mériterait-il pas davantage notre soutien ?
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