Pauvreté : Tolérance zéro ! ( Contrastes Octobre 2010)
Accepter la pauvreté, ce n’est pas civilisé !
Notre civilisation régresse. La pauvreté augmente et surtout, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres a explosé. Au niveau mondial, les Etats se montrent incapables de garantir un financement pour atteindre les objectifs du Millénaire et réduire la pauvreté. L’Union européenne a décrété 2010 année de lutte contre la pauvreté mais, dans le même temps, elle presse les Etats membres de dresser leur plan d’austérité. Chez nous aussi, la pauvreté gagne du terrain. La crise économique issue du crash financier de 2008 a fragilisé davantage de ménages et assombri les perspectives d’avenir. Et là, il ne suffit pas d’utiliser la technologie pour, par exemple, faire de la téléréalité qui “montre des pauvres” (et conforte les autres qu’ils “n’en sont pas là”). Il faut des réponses. Pourquoi n’appliquerions-nous pas une politique de “tolérance zéro” pour la pauvreté ? Dans ce numéro de Contrastes, l’on découvrira quelles sont les nouvelles formes de cette pauvreté, quels sont aussi les groupes particulièrement vulnérables. Cela dit, le risque de pauvreté n’épargne pas grand-monde, car il est en partie lié aux aléas de la vie, aux ruptures et aux accidents que l’on ne peut prévoir. Passer d’une situation où l’on gère deux ou trois crédits à celle où l’on se trouve surendetté dépend souvent d’une perte de revenus, d’une séparation, d’une grosse dépense imprévue… Mais l’analyse des chiffres du surendettement, présentée dans l’article suivant, témoignent aussi d’une aggravation et d’un déplacement des problèmes de paiement vers des biens de première nécessité : ce sont les factures d’énergie de soins de santé, voire les crédits hypothé- caires qu’une partie de la population ne parvient plus à honorer, le plus souvent faute de revenus suffisants. Aussi, les mesures urgentes que nous évoquerons également, consistent-elles à tirer vers le haut les minima sociaux et épauler les groupes les plus fragiles. Cela demande des financements, bien sûr. Et, oui, la dette publique grève lourdement le budget et les espérances. Mais nous savons aussi qu’une réforme est à conduire, dans le sens d’une fiscalité plus juste, qui tienne compte de tous les revenus et favorise une meilleure répartition des richesses. Et qu’il est plus que temps aussi, à l’heure où la finance mondiale a montré les limites “du tout au marché”, de sortir un certain nombre de biens indispensables à la vie de la pure logique marchande et de réinventer la notion de “bien commun”.
Sommaire
p3 – LES NOUVEAUX VISAGES DE LA PAUVRETÉ.
Familles monoparentales, personnes âgées, travailleurs pauvres, de nouvelles formes de pauvreté sont apparues. Il semble que plus personne ne soit à l’abri du risque de tomber dans la pauvreté.
p6 – LE SURENDETTEMENT GAGNE DU TERRAIN.
A l’heure de l’année européenne de lutte contre la pauvreté, au moment où de nouveaux chiffres sur le surendettement sont publiés par la Centrale des crédits aux particuliers, il nous semblait important de dresser un bilan des derniers chiffres.
p9 – INTERVIEW :
Christine Mahy, présidente du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté : Le pauvre est un super citoyen !
p13 – DES MESURES POUR SORTIR LA TÊTE DE L’EAU.
Le gouvernement belge a sauvé les banques, il n’a pas déboursé le milliard nécessaire pour relever les minima sociaux. Ce serait pourtant la première mesure d’urgence à prendre pour permettre aux gens de garder la tête hors de l’eau.
p16 – EN (RE)VENIR AU BIEN COMMUN !
Auparavant, la Belgique était le seul pays où les pouvoirs publics fixaient encore un prix plafond pour le pain, produit de première nécessité. Une mauvaise idée ? Le « bien commun » est pourtant une notion-clé dans la lutte contre la pauvreté.